26 Janvier 2011
Je pense qu’il existe deux types de beau du point de vue de l’observateur. Le premier est d’ordre instinctif, ou encore naturel. On trouve ceci ou cela beau, c’est beau dirions-nous, sans raison. C’est une émotion, une sensation, sans calcul, qui induit une opinion esthétique. Cette opinion, l’on souhaiterait qu’elle soit partagée par d’autres, on voudrait que ceux-ci aient la même. Mais s’agissant d’une déclaration émotionnelle, il est difficile d’opposer à tout désaccord une démonstration convaincante. Le consensus sensitif est peut-être celui qui fournit les plus grandes joies, mais il tient bien plus au fait du hasard, d’une rencontre inopinée de deux natures qui s’accordent, que d’une démarche intentionnelle. Je ne maîtrise pas le goût dès lors qu’il est un produit exclusivement sensuel, mais l’empire des sens est peut-être aussi ce qui me permet de connaître, une fois au moins, le sublime. Je suis dans ce cas dans le champ naturel et c’est ainsi que je distingue ensuite le beau culturel, que je qualifierais encore d’intelligent. Ce beau là est le fruit d’une histoire, d’une culture. Sur le plan affectif, c’est un beau qui est plus plaisant qu’il ne procure de plaisir. Son origine est la raison et sa conclusion un jugement esthétique. Plus réfléchi, le beau culturel est discutable. Moins volcanique, il s’inscrit dans la durée. Raisonnable, il est un travail du goût et ainsi, à une sensation agréable, s’ajoute un bien-être engendré par l’effort accompli.