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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

L'artisan face au propriétaire

Tout mouvement de la nature n'est que la manifestation de celle-ci. La nature est tout entière dans chacun de ses mouvements, à la source, dans le déroulé, au résultat. La nature ne produit aucune extériorité. Elle n'a pas ce pouvoir que l'homme détient et qui lui permet de la dominer. L'homme, grâce à son travail, en transformant la matière, génère de l’extériorité. L'artisan sait faire tout en conservant une distance entre ce savoir et ce qu’il produit. On peut bien-sûr relever dans un meuble l'art du menuisier, l’aboutissement d'une expérience. Ce savoir-faire n'en reste pas moins totalement indépendant du meuble. Mais sans savoir-faire, le meuble n'existe pas, réduit simplement au bois qui le compose. Le meuble est donc plus que de la matière inanimée même s'il n'a rien de vivant. Il est sorti de l'ordre naturel par une main experte. Il est devenu une trace d’humanité, comme toute production. Il est devenu singulier et cela grâce, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, au détachement de celui qui le fabriqua vis-à-vis de sa production. Cette distance à l’égard de la chose est moindre lorsqu'il est question d'en être le possesseur. Nous serions ainsi plus proches de la nature, donc moins humain en quelque sorte, en possédant plus qu'en fabriquant. Il est parfois urgent de réveiller en nous l'artisan pour que sommeille le propriétaire.

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