27 Janvier 2011
L’impératif est un commandement à la première personne. Il s’agit de se dire ce que je dois faire, de déterminer quelle est la conduite à adopter. Avec Kant, on distingue deux types d’impératif. Le premier est hypothétique. Notre action dans ce cadre est conditionnée à un but que l’on s’est fixé. L’intérêt entre en ligne de compte. Il est question d’efficacité. Le second impératif est catégorique, à savoir qu’il ne supporte aucune condition, si ce n’est d’être le produit de la raison. Je dois par exemple dire la vérité en toute occasion et à tout moment. L’impératif catégorique élimine donc toute fin particulière. Il renvoie à l’universel : tous les hommes doivent agirent de la sorte. C’est une uniformisation de la conduite individuelle. L’impératif catégorique est certes nécessaire, mais également dangereux. Nécessaire à la morale, qui dicte entre autres le respect d’autrui. Dangereux parce qu’il pousse au jusqu’auboutisme. A propos de la vérité et de son contraire, le mensonge, il nous faut bien mentir un petit peu chaque jour. Sans cela, toute vie sociale serait impossible. La sociabilité en effet est faite d’accords et d’arrangements intersubjectifs liant les uns aux autres, et ces liens ne résisteraient pas à une franchise absolue. Le mensonge peut également sauver une ou plusieurs vies. Ceux qui cachèrent des juifs durant l’Occupation eurent bien faits de mentir à la Gestapo lorsque celle-ci se présenta devant leur porte. L’impératif kantien leur commandait pourtant de dire la vérité, soit de révéler aux nazis la présence chez eux de personnes de confession juive…Ainsi, le dosage est requis dans la conduite de soi. Qu’il faille être catégorique, nul doute, et c’est cette attitude qui constitue les valeurs et les maintient. Mais la nuance est aussi impérative, pour s’éviter tout aveuglement. Le gouvernement de soi est donc un exercice qui demande de choisir, donc d’être libre.