Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

La religion naturelle contre les religions positives...ou la nécessité du culte pour atténuer les angoisses

Religion-naturelle.jpgIl n’existe pas une mais des religions, comme les trois monothéismes que sont le christianisme, le judaïsme et l’islam, et qui ont tous une implication pratique. Ils sont dits religions positives de part leur insertion dans le champ de l’expérience. Ils déterminent chacun une morale, des façons de se comporter et de s’y tenir devant le Dieu que chacun se dit représenté. Ces religions sont aussi une référence unissant des individus entre eux, pour créer des communautés qui dépassent les frontières géographiques et politiques. Ainsi, les positions religieuses, parce qu’elles sont diverses, divisent, jusqu’à créer des clivages. Les philosophes modernes ont pourtant tenté de réduire les divisions, en définissant une religion prétendue naturelle, dans laquelle tout le monde se reconnaîtrait. Universaliser la religion était une idée avec pour principe que Dieu est nature, où qu’il s’accorde avec elle, et que l’homme étant de la nature, quelques soient ses origines sociales, sa couleur de peu, son appartenance politique et idéologique, chacun serait concerné par un fondement si universel. Les Modernes se sont ainsi essayés à dépouiller les religions positives de tout ce qu’ils leur semblaient superflus au regard d’un principe naturel, et pourtant si discriminants, producteurs de fanatisme, de superstition ou encore autre manifestation mystique irraisonnée. La religion naturelle était également considérée plus légitime que les cultes existants, s’agissant d’un domaine appartenant à tous, comme l’explique Voltaire : « La religion est la voix secrète de Dieu, qui parle à tous les hommes ; elle doit les réunir, et non les diviser ; donc toute religion qui n’appartient qu’à un peuple est fausse. La nôtre est dans son principe celle de l’univers tout entier ; car nous adorons un Etre suprême comme toutes les nations l’adorent, nous pratiquons la justice que toutes les nations enseignent, et nous rejetons tous ces mensonges que les peuples se reprochent les uns aux autres. » En consacrant la religion naturelle, les Modernes font aussi de la raison le seul moyen pour approcher Dieu, sans pourtant en connaître les attributs. Dieu dès lors n’a plus forme humaine, ni imaginable. Du culte, l’on passe au déisme, qui est la reconnaissance d’un Dieu unique à l’origine de tout mais sans adoration, ni célébration. Néanmoins, certains penseurs ne vont pas jusqu’à bannir le culte, en fondant le théisme, que Voltaire toujours définit dans son Dictionnaire philosophique à propos du théiste : « Réuni dans ce principe avec le reste de l’univers, il n’embrasse aucune des sectes qui toutes se contredisent. Sa religion est la plus ancienne et la plus étendue ; car l’adoration simple d’un Dieu a précédé tous les systèmes du monde. […] Il croit que la religion ne consiste ni dans les opinions d’une métaphysique inintelligible, ni dans les vains appareils, mais dans l’adoration et dans la justice. Faire le bien, voilà son culte ; être soumis à Dieu, voilà sa doctrine. » Le théisme recommande donc de vénérer la justice et le bien, réunis dans l’Etre suprême. Robespierre s’essaiera à institutionnaliser cette vénération, mais il échouera. La religion naturelle présente en effet l’inconvénient de reposer sur une abstraction, celle d’une entité divine sans forme, ni parole, par trop décalée aux attentes de ceux qui sont prêts à croire. La foi est avant tout subordonnée au salut, elle remplit un vide face au néant évanescent dès lors que la conscience se prend à douter. Certains restent avec cet abîme en toile de fond, et s’y appuie d’ailleurs pour vivre encore plus intensément, alors que d’autres se réfugient vers un Dieu protecteur. Une idée abstraite ne renvoie aucune image protectrice. Elle est avant tout à la croisée d’un cheminement intellectuel, et non comme la promesse d’une existence après la mort. La religion naturelle répond donc très mal à l’angoisse nourrie par la conscience d’une fin indépassable. Il y a de la misère dans la condition humaine car l’homme est le seul être à savoir qu’il va mourir, sans qu’il lui soit expliqué pourquoi, comme l’écrivait Pascal : « Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir, mais ce que j’ignore le plus et cette mort même que je ne saurais éviter. » Les religions positives tirent ainsi leur force en créant un rapport personnel entre l’individu et Dieu avec une imagerie et un culte dans lesquels chacun y reconnaît ce qui lui est familier. La géométrie, ou tout autre développement abstrait quant à définir un principe créateur et universel, exclut toute sensibilité, ce qui n’est guère efficace contre la peur. Le symbole, la représentation, sont parfois nécessaires à l’homme pour atténuer ses angoisses, quitte à s’écarter de toute vérité.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
cest cool
Répondre
B
cest cool
Répondre