Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous
5 Octobre 2012
Toute la pensée de Kant s’interroge sur les conditions de possibilité pour que nature et liberté puissent cohabiter. En effet, comment dans un monde régi par la causalité, où tout n’est que mécanique, nécessaire, comment donc un élément, l’homme, échappe à cette nécessité impérieuse qui traverse toute chose ? Et peu importe que cette échappée ne soit pas totale, il y a toujours un commencement de liberté qui remet en cause toute finalité exclusivement naturelle. Pourtant, nous ne sommes pas, nous autres êtres humains, en dehors de la nature. Il y a bien-sur la culture, mais celle-ci reste immergée dans un milieu naturel. On pourrait penser que Dieu est à l’origine de ce pouvoir nous caractérisant, soit d’être capable de s’extraire de l’immédiateté, de la spontanéité, pour prendre du recul, et ainsi être en mesure de saisir, à notre profit, la nature. Sans distance avec ce qui est, jamais nous ne serions devenus industrieux. Sans rejeter Dieu, Kant ne prend pas ce parti. Il s’exonère aussi de la logique chrétienne qui veut que nos actes tendent vers le bien parce qu’ils seront soumis au jugement divin conditionnant notre être dans l’au-delà. Si nous agissons librement, et sommes capables de le faire, c’est pour Kant parce que nous sommes animés non pas d’une intention morale, mais par celle-ci elle-même. Autrement dit, cette intention se suffit à elle-même, elle nous commande, mais contrairement au déterminisme naturel, nous commandant elle nous autorise à sortir de toute nécessité pour vivre librement. Kant pose ainsi les conditions de la liberté, à partir de la morale, et non de Dieu. La morale nous impose la liberté. Bien des années plus tard, Sartre ne dira pas autrement en affirmant que nous sommes condamnés à être libres.