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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Quand Hollande et Valls s’affrontent au sommet de l’Etat

hollande et valls présidentielles primaires gaucheLes jeux ne sont pas encore faits et rien ne va presque déjà plus au sommet de l’Etat. Dans un entretien auprès d’un quotidien national, le premier ministre s’affirme un peu plus mais toujours sans le dire comme un probable candidat à la primaire socialiste. Dans le même temps, François Hollande devrait prochainement annoncer si lui aussi s’engage dans la bataille élyséenne à venir en se soumettant tout d’abord au vote des militants et sympathisants de gauche. Fait inédit donc dans l’histoire de la Ve République où un président et un premier ministre en exercice et du même bord politique seraient engagés demain dans la même course présidentielle. La gauche était déjà divisée, il ne manquerait plus qu’à son débit s’ajoute une crise institutionnelle. Car en effet, comment imaginer qu’un pays, qui plus est sous état d’urgence, puisse être gouverné sereinement si les deux fonctions clés de l’exécutif s’opposent pour conserver le pouvoir…

La Ve République est un régime présidentiel. Pensé par le Général de Gaulle, le suffrage universel direct devait donner au président élu l’aura suffisante et la légitimité incontestable pour conduire la politique du pays. Assisté d’un gouvernement avec à sa tête un premier ministre, s’appuyant sur un Parlement votant les lois, le Président de la République est ainsi constitutionnellement le premier représentant de l’Etat dont l’autorité est garantie par les institutions. Mais le cadre institutionnel est une chose, l’exercice du pouvoir en est une autre. Même si elle est présidentielle, la Ve République s’est caractérisée par une série d’oppositions, d’affrontements, voire de luttes au sommet de l’Etat. La collaboration entre l’Elysée et Matignon n’a pas toujours été de tout repos, loin de là. Le Général de Gaulle lui-même fût au centre de tensions au sein d’un régime qu’il s’était pourtant taillé à sa mesure. A l’issue de mai 68, son autorité vacille tandis que son premier ministre, Georges Pompidou, sort lui grandi dans sa famille politique tant il sembla affronter seul l’insurrection après que le président se soit réfugié à Baden-Baden. On se souvient également des relations conflictuelles entre le président Giscard et le chef de gouvernement Chirac, ce dernier claquant avec fracas la porte de Matignon pour très vite s’opposer bien plus au pouvoir giscardien qu’au socialiste Mitterrand dont il contribua pour partie à la victoire en 1981. Sont restées également dans les mémoires les passes d’armes entre le même Mitterrand et son meilleur ennemi à gauche, Michel Rocard. L’association des deux hommes au sein de l’exécutif fût moins une collaboration qu’une forme de cohabitation. Mitterrand ne se privera pas d’ailleurs de contrer Rocard aux élections européennes en manipulant son fringuant ministre Bernard Tapie, condamnant son premier ministre à un échec qui l’écartera d’une possible candidature un an plus tard aux présidentielles de 1995.

La Ve République n’a pas été épargnée à sa tête par les conflits.  Cependant, les discordes au plus haut sommet du pouvoir n’ont pas eu raison d’elle. La Ve République demeure. Elle est bien moins instable que le régime des partis qui la précéda. Ce ne sont certainement pas les querelles entre François Hollande et Manuel Valls qui la bousculeront, tout comme les précédents affrontements entre Président de la République et Premier ministre l’ont animée sans la faire tomber. C’est par contre le parti socialiste qui risque fort bien de sombrer un peu plus avec un président et un chef de gouvernement tous deux sortants et candidats.

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