3 Décembre 2016
François Hollande ne sera pas candidat à sa propre succession. Celui qui se voulait être un président « normal » a décidé une sortie politique inédite dans l’histoire de la Ve République puisque tous ses prédécesseurs s’étaient eux engagés dans la course présidentielle pour prolonger leur mandat. Mais Hollande avait-il vraiment le choix ? Jamais un président ne fût aussi impopulaire et ceci si durablement que l’actuel locataire de l’Elysée. Rarement un homme au pouvoir aura vu son propre camps se déchirer à son propos jusqu’à générer des fractures dangereuses pour l’avenir même de son parti. Jamais un Président de la République ne se livra comme lui à la confidence, l’exercice ressemblant fort bien à un suicide politique. Rarement un chef d’Etat n’eût à connaître autant de critiques, de sarcasmes, de railleries même à son encontre, jusqu’à ce que son autorité soit ébranlée et son image totalement écornée, rendant inaudible le moindre de ses messages politiques.
François Hollande ne sera jamais vraiment parvenu à incarner le pouvoir. C’est bien plus sur la forme, sur l’exercice de la fonction présidentielle, qu’il a échoué. C’est l’histoire d’un candidat qui après avoir séduit les français les a perdus une fois devenu président. Après tout, le bilan de François Hollande n’est pas plus mauvais que celui de ses prédécesseurs. On lui doit au moins de ne pas avoir sabordé le système de protection sociale en France malgré des tensions économiques très fortes. Il a également permis aux entreprises de restaurer leurs marges, n’en déplaise à la droite qui ne propose pas mieux. Il a son actif la dernière grande avancée républicaine en France avec la loi sur le mariage pour tous. Il s’attela aussi à redonner à l’école les moyens de ses ambitions, soit la réduction des inégalités pour moins d’endogamie sociale. Il fût aux côtés des forces de l’ordre lorsque la France fût victime d’attaques terroristes inégalées sur son sol.
François Hollande a fait des erreurs politiques. Mais qui n’en fait pas. La plus importante de toutes est certainement de ne pas avoir renégocié le traité budgétaire européen dès son accession à l’Elysée. Très vite le discours du Bourget ne fût plus qu’un souvenir de campagne. François Hollande donna aussi l’impression de renoncer face à la pression de l’Allemagne pour plus d’austérité en Europe. Alors que nombres d’économies européennes étaient déjà exsangues, celles-ci se retrouvèrent à payer un coût budgétaire toujours plus élevé. François Hollande n’a pas su inverser la tendance. Le discrédit s’est emparé de sa fonction puis le désamour des français de sa personne. Un d’Etat incarne un mandat présidentiel et aussi un rapport affectif entre un peuple et celui qui le représente. Cette relation rapidement a été troublée entre François Hollande et les français.
Décider de ne pas être candidat est tout aussi courageux que de s’engager en politique mais plus douloureux lorsque l’on y est contraint. François Hollande une fois de plus sème le trouble dans les esprits. On est à la fois partagé entre le courage qu’inspire sa décision pour le service de l’intérêt général et une forme d’apitoiement devant un homme qui n’a d’autre choix que de partir. François Hollande rebat également quelques cartes pour les semaines à venir en n’étant pas candidat. Son départ programmé crée un nouvel espace politique qui à n’en pas douter sera très vite investi par Manuel Valls. Qui sait si bientôt nous ne verrons pas s’affronter deux ex-premier ministres respectivement débarrassés de « leur » président et impatients d’être à leur tour au sommet de l’Etat.