25 Juin 2012
La liberté est indémontrable. On peut la concevoir, mais on ne l’entrevoit jamais aussi bien qu’une fois exercée. La liberté en quelque sorte vient après coup, l’acte accompli. J’ai plus été libre que je ne le suis. Il y a certes des instants, ou des lieux, qui lui sont favorables, d’autres non. On peut même identifier des causalités justifiant telle ou telle action. La liberté est alors inscrite dans un enchaînement particulier. Mais c’est là une vue de l’esprit. Il nous faut sans cesse trouver une raison à tout, y compris en conditionnant la liberté, comme si nous l’enserrions dans nos griffes pour comprendre la façon dont elle fonctionne. Sauf que la liberté s’est envolée après que nous en ayons usée. Elle ne se saisit pas ; elle se vit. Nous nous disons pourtant libres, s’agissant d’un droit, inaliénable, transportable, que l’on peut revendiquer à tout moment, n’importe où. C’est effectivement le cas. Je suis libre, mon voisin l’est, mes parents le sont, mais pourtant faisons-nous preuve de liberté ? Pas nécessairement. Dans l’absolu, nous ne serions pas libres en étant forcément libre. La condition épuise la liberté, la nécessité la condamne. Nous sommes des êtres légalement libres, et nous le sommes d’autant plus que nous avons des devoirs. En effet, le devoir de l’un garantit la liberté de l’autre, et inversement. La liberté ainsi est une possibilité lorsque nous sommes au moins deux. Seul, je ne puis faire preuve de liberté. La nature elle-même ne m’est d’aucun secours, compte tenu de son indifférence à mon égard. La liberté a besoin d’attention. Elle est dans un geste, se loge dans une relation, se réalise à l’unisson. La loi peut nous reconnaître individuellement libre, mais cette reconnaissance ne veut pas dire liberté. Elle en est la prémisse, et non une cause systématique. Tout système condamne la liberté et il ne suffit pas de se dire libre pour en jouir. La liberté est avant tout un phénomène, avant que d’être une idée.