25 Juin 2012
Aucun endroit, aucun espace, ne peut nous garantir un isolement absolu d’où nous pourrions observer l’homme sans que rien n’interfère notre observation. Il y a toujours quelque chose d’extérieur dans notre regard, et nos pensées ne nous appartiennent pas totalement. Car en effet nous regardons les choses et les jugeons d’après un environnement, le nôtre, parce que nous le constituons avec d’autres. Le pur esprit est illusoire. Dans chacune de nos pensées, il y a comme une trace de ce qui nous précède, une partie hors de nous-mêmes qui s’incruste, aussi infime soit-elle. L’intimité n’est pas une citadelle impénétrable. Le secret a beau être son gardien, la moindre cachoterie est liée à l’extérieur de la forteresse. Même la plus profonde des solitudes n’est pas qu’un rapport à soi-même. Nous sommes seuls avec autrui. Je suis continuellement en contact avec le monde. Je suis perpétuellement enveloppé. Le bruit peut bien s’éteindre, le silence lui succèdera.