Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Autoportrait de Francis Bacon

Bacon-autoportrait.jpgNous vivons derrière un visage et pourtant il en dit beaucoup à celui qui sait l’observer. Sans cette indiscrétion, la fabrique sociale serait moindre. On craint toujours l’intrus levant un voile de notre intimité à la commissure de nos lèvres, ou soupçonnant un trait de caractère qui s’échappe après une mimique involontaire. Les rides cartographient aussi l’outrage du temps sur le visage. Le géographe saura l’exploiter. Le visage est une terre qui ne nous appartient pas totalement. Le regard d’autrui est capable de l’envahir. Il reste cependant des territoires de l’âme inviolés, peut-être parce que nous ne les connaissons pas nous-mêmes, ou parce que nous nous refusons à sonder de telles profondeurs intimes. Celles-ci restent alors inaccessibles au corps ; la chair, le visage, ne peuvent s’en faire le témoin. Francis Bacon nous propose cependant un témoignage, avec quelques autoportraits. Le visage y est déformé, mais cette déformation est moins illusoire que sincère. L’angoisse qui n’oublie personne s’imprime sincèrement sur les traits figurés par Bacon. Il y a toute la violence d’une terreur sourde dans cette face désincarnée mais que l’on reconnaît pourtant. Comme s’il s’agissait d’une familiarité jusqu’ici ignorée. Bacon fait preuve de courage en se dévoilant de la sorte. La fidélité sociale du visage n’est certes plus une exigence pour le peintre depuis que la photographie a supplanté la peinture dans ce domaine. L’art a ainsi pu se saisir pleinement du visage pour en faire ce que bon lui semble. Francis Bacon a su faire usage de cette liberté en s’offrant totalement au regard extérieur, et ainsi à travers lui permettre de nous connaître un peu plus.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article