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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

La mesure demande plus de soi que la démesure

Mesure-demesure-philosophie-cours-initiation.jpgLa mesure existe sous deux aspects. Le premier, objectif, consiste à mesurer, soit attribuer un chiffre à une chose ou à un fait, comme un poids, une taille, une vitesse, lequel chiffrage est reconnu par convention. La seconde est subjective. Elle concerne le comportement. Être mesuré, c'est se contraindre à ne pas vivre passionnément sans retenue, c'est se limiter dans ses actes. La mesure est ainsi l'inverse de la démesure. C'est Appolon contre Dionysos, l'harmonie contre le désordre, le classicisme contre le romantisme. La passion essoufle, la mesure respire. La démesure n'en est pas moins nécessaire. Avec elle, on avance plus vite. Mais sans la contenir, on tombe aussi plus vite. Il faut mesurer la démesure, ou alors que la mesure ne soit pas trop mesurée, stérilisante. Un juste milieu est conseillé, soit une mesure de plus. La mesure pourtant n'a pas bonne presse. On l'associe généralement à l'ennui. Le passionné lui apparaît bien plus vivant, prêt à tout, et c'est ce qui séduit, cette réponse au devenir continuel qu'est la vie. Camus disait à ce propos : « Quoi que nous fassions, la démesure gardera toujours sa place dans le coeur de l'homme, à l'endroit de sa solitude ». Mais Camus prévenait aussi : « Nous portons tous en nous nos bagnes, nos crimes, nos ravages. Mais notre tâche n'est pas de les déchaîner à travers le monde ; elle est de les combattre en nous-même et dans les autres ». La mesure est ainsi une forme de résistance, de révolte. La démesure elle est révolutionnaire. On massacre démesurément. Le terrorisme, avant que le pouvoir ne soit pris, puis le totalitarisme, une fois le pouvoir conquis, sont démesurés. La démocratie elle est un système politique mesuré. C'est pour cela qu'elle ne passionne pas. Comme la mesure, elle n'est pas spectaculaire. Sauf qu'un spectacle n'est qu'apparence, et les apparences savent trompées. Il en est ainsi avec la mesure et la démesure. Moins démonstrative, la première n'en est pas moins celle où l'on donne le plus de soi. Elle demande à la fois d'être et de se résister, alors que la seconde ne réclame que d'être. La mesure est également plus honnête que la démesure. Cette dernière en effet tend vers l'infini. On ne se fixe pas avec la démesure, on continue toujours car il n'y pas de fin, contrairement à la finitude qui nous caractérise. Il faut pourtant savoir être en chemin tout en étant capable de s'arrêter, ce qu'autorise la mesure. Et même si tout n'est pas quantifiable, chiffrable, comme l'amour, être mesuré c'est proportionner son être adéquatement avec ce qui est. Aimer suffisamment mais pas trop, ne pas souffrir plus que la souffrance l'exige.

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A
<br /> Pourquoi contre ? Si je peux concevoir l'opposition de principe, voire la comparaison, ou l'exception... j'ai du mal à admettre une idée qui se dise "contre" une autre...car elle admettrait alors<br /> non une opposition tendant vers un éventuel équilibre, en somme comme une compensation, un contrepoids, un contre-pouvoir, etc...mais plutôt ici un extrême pour un autre, un abandon...un arrêt pour<br /> un recommencement certes, mais par définition alors, une interruption définitive privant alors, de fait, toute chance de progrès...non ?<br /> <br /> <br />
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