29 Août 2010
Le nihilisme est renoncement. A quoi bon, tel est en substance son message. Parce que Dieu n'existe pas, parce que le monde n'est intrinsèquement que chaos et l'ordre apparent une illusion, parce qu'au final la mort nous attend à tout instant, nous arrachant à nos proches et à ce que l'on a fait, brutalement, absurdement, rien ne vaut la peine. Le nihilisme est la validation du néant, en affirmant que la raison ne peut le dépasser, incapable qu'elle serait de transformer des concepts en existant. Le nihilisme est une fin en soi qui n'en propose aucune, comme l'écrit Nietzsche : « Que signifie le nihilisme ? Que les valeurs supérieures se déprécient. Les fins manquent. Il n'est pas de réponse à cette question : « A quoi bon ? » (Nietzsche – La volonté de puissance). Cependant, Nietzsche tente une réponse, ne renonçant pas totalement, et propose l'esthétisme comme alternative, et non comme solution car selon lui il n'en existe aucune. Ce n'est qu'une illusion de plus, mais l'homme conscient en est maître. Nietzsche nous dit également que le nihilisme est une lassitude. Mais alors, on peut être las, puis ne plus l'être. La lassitude ne nous condamne pas définitivement à la fatigue, sauf à renoncer. Elle peut être un état permettant de passer à autre chose, parce qu'elle serait un commencement et non un aboutissement, ce que dit Camus dans Le mythe de Sisyphe : « Un jour seulement, le « pourquoi » s'élève et tout commence dans cette lassitude teintée d'étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience ». Le nihilisme, la lassitude, seraient en quelque sorte la rançon de la lucidité, le prix à payer pour la clairvoyance. Mais lorsqu'on approche de la lumière, pourquoi donc s'arrêter ? Pourquoi rebrousser chemin et s'éloigner pour atteindre une autre rive qui n'est qu'obscurité ? Le nihilisme est aussi un nouvel obscurantisme, un obscurantisme moderne car c'est bien lui qui traverse les sociétés actuelles. Appuyons-nous alors sur l'exemple des Modernes qui brûlèrent des siècles de superstition afin de délivrer l'homme de ses peurs aliénantes. Que leur a-t-il fallu pour y parvenir ? De la lucidité, et de cela notre époque n'en manque avec la science, mais aussi du courage et un horizon pour le nourrir. Cette horizon n'existe pas tant que l'homme ne l'a pas créé. La création, respectueuse des êtres et de la nature, est la réponse au nihilisme.