17 Juin 2012
Merci Monsieur Descartes de nous avoir, non pas donner la raison, mais appris à nous en servir un peu mieux. Car la raison est en chacun alors que son usage n'a rien de commun. Descartes a proposé une méthode. Ce serait néanmoins vain que de l'imposer et l'auteur des Méditations métaphysiques s'y refuse. La raison n'en est pas moins un trésor qu'il faut d'abord conserver pour ensuite l'enrichir. Cette richesse nous fait un peu plus homme. L'animal en effet, comme la fleur ou la roche, n'est pas raisonnable. Mais il s'agit d'une richesse qualitative, comme d'une valeur. La quantité étouffe la spontanéité, la passion. L'or ne doit pas briser le diamant, le concept mutiler l'imaginaire. Et puis même si le ciel est trop grand pour la raison, il n'en est pas moins si beau. On peut le scruter avec les yeux de la raison, mais jamais autant le pénétrer qu'avec le sentiment. Ainsi, la raison ne parvient pas toujours à noircir une page, mais cela n'est pas une défaite. Ne pas tout atteindre raisonnablement donne de la valeur à l'esprit. Tout n'est pas non plus que mathématiques, bien heureusement ! Une équation, aussi élégante soit-elle, réduit le réel en le généralisant. Une moyenne, aussi rassurante soit-elle, écrase la diversité. En toute chose, il faut savoir raison garder, dit-on. Certes, mais il est aussi intéressant, voire joyeux, de penser que derrière chaque chose se cache un mystère, et laisser quelques fois à l'imagination le soin de l'atteindre. Il est bon aussi d’embarquer parfois sur un bateau ivre.