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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Le voyageur imprudent - Un roman de René Barjavel

Voyageur-imprudent.jpgEnfant, de tous les rêves qui m’accompagnaient, voyager dans le temps était l’un de ceux qui m’animait le plus. Je rêvais de me transporter en l’an 2000, pour y conduire une voiture volante, mais aussi pour obtenir, de robots tout entiers dévoués aux préoccupations humaines, ce que je désirais. Dix ans après ce point de chute imaginaire, force est de constater que les automobiles sont restées à terre, et que l’homme se suffit à lui-même quant à asservir. La science ne permet pas non plus de changer d’époque instantanément. Nous restons donc bien accrochés à notre temps. La seule possibilité pour s’échapper de notre quotidien afin d’en découvrir un autre se maintient dans l’imagination, et la littérature nous y aide. Ainsi, le roman de René Barjavel, Le voyageur imprudent, permet au lecteur d’accompagner le héros dans un futur très lointain, à quelques milliers d’années. Qu’y découvrons-nous ? Une espèce humaine qui n’a plus rien de commun avec la nôtre. Suite à un évènement planétaire bouleversant les conditions de vie, l’homo-sapiens a du évoluer pour se préserver, en rompant avec une existence individualiste qui lui était permise par le progrès technique. Le résultat est saisissant !

Puis, notre héros nous emmène vers le passé, et c’est dans cette expédition temporelle qu’une imprudence est commise. En effet, tout individu est le fruit du passé. S’y déplacer pour ensuite l’influencer peut donc entraîner des conséquences irréversibles sur la vie du voyageur, jusqu’à ce que celui-ci n’existe plus, ou plutôt n’ait jamais existé. Mais sur ce point se pose un paradoxe : il faut bien que le voyageur existe pour voyager. Sauf qu’au cours de son voyage, il perturbe suffisamment le cours de l’existence d’un de ses ancêtres pour que la lignée familiale en soit totalement modifiée. Notre voyageur dès lors ne sera plus, il n’existera pas, et d’ailleurs une fois son intervention accomplie, il disparaît. Mais alors, s’il n’est plus, il n’a pas pu se déplacer dans le temps. Et s’il n’a pas pu se déplacer dans le temps, il n’a pu renverser le destin de son aîné éloigné. Dans ce cas, il naîtra, il sera, pour voyager dans le temps, et revenir dans le passé…Ce paradoxe nous plonge ainsi dans un non-sens infini. A ce titre, René Barjavel conclut son roman d’une façon élégante : l’être ou ne pas être shakespearien devient un être et ne pas être. Cette dernière formule d’ailleurs n’est pas aussi absurde qu’on pourrait le penser, comparée aux dernières découvertes sur les particules élémentaires que l’auteur rappelle. En effet, la mécanique quantique nous apprend qu’une particule n’est pas là où, selon nos modes de raisonnement classiques, elle devrait logiquement être. Elle n’est pas là, et pourtant elle existe en constituant l’existant. Ce constat est une découverte scientifique majeure pour l’espèce humaine. La mènera-t-elle un jour à pouvoir se déplacer dans le temps ? Imaginez que oui et devant cette éventualité, quelle serait votre choix quant à votre destination : le passé pour le modifier et ne plus être celui que vous étiez avant votre départ, ou le futur pour voir ce que vous serez avant que d’être ?

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