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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

La télévision s'essaie au jeu de la mort

Television-jeu-de-la-mort.jpgQu’aurais-je fait à leur place ? Aurais-je déjà accepté de participer à une émission-test présentée comme un jeu assorti de punitions physiques sous forme de décharges électriques administrées à un candidat ? Et dans l’hypothèse d’un accord de ma part, serais-je allé jusqu’à mettre en péril la vie d’un homme, tout cela sous les projecteurs ? Je serais tenté de dire que non et cela en me considérant comme un être moral refusant la souffrance ludique. Sauf que je n’ai jamais vécu ce type de situation, et qu’ainsi je ne me connais pas suffisamment bien pour répondre par la négative sans aucun doute. La révolte n’est pas innée, l’homme en portant ou non les germes selon sa culture, son histoire, l’éducation reçue. Et il réagit également face à un contexte donné en fonction de l’état qui est le sien au moment précis où il s’y trouve confronté, laquelle réaction est aussi variable selon l’intensité de la situation. Ainsi, l’être humain est imprévisible et il en est mieux ainsi. Mais la télévision justement ne tend elle pas à réduire cette part d’imprévu qui nous caractérise ? Le documentaire diffusé par France Télévision démontre que 80% des candidats, soit une très forte majorité, ont adopté une posture choquante sur le plan moral. Certes, tous ont montré des signes de désapprobation, d’inquiétude, au fur et à mesure de l’avancée du jeu et des supplications du candidat « martyrisé ». Il n’empêche qu’une pression sur eux a été plus forte que leurs scrupules. Quelle est donc cette force qui les a contraints à faire ce qu’ils ne voulaient pas ? On serait tenté de dire la télévision, comme s’il s’agissait d’une entité supérieure, voire d’un nouveau totalitarisme, ce que fait entendre le responsable de cette expérience. Mais celle-ci n’est pourtant qu’un média. Alors, est-ce vraiment la télévision qui génère des comportements violents, ou la télévision n’est-elle qu’une simple fenêtre sur notre société ? L’à considérer comme répondant de tous les maux ne revient-il pas à déresponsabiliser l’individu ? Personne n’oblige quiconque à visionner des émissions. Sauf que là-aussi, le propos est à nuancer. La télévision a une capacité d’attraction comme nulle autre parce qu’il est bien plus facile et reposant de s’asseoir devant elle que de s’activer à autre chose. La télévision est ensuite omniprésente, et ce dès le plus jeune âge. Elle est même devenue une composante éducative à part entière, sachant que l’éducation contribue au déterminisme social. Il faut donc faire preuve d’une grande ouverture d’esprit et d’un véritable effort d’affranchissement pour se séparer du petit écran, ou tout du moins diminuer sa consommation télévisuelle pour la rendre plus sélective, dès lors que l’on fût un enfant de la télé. Enfin, la télévision est à la fois un relais et  la source d’opinions et d’attitudes. Elle crée les conditions de comportements moutonniers à grande échelle.

Le téléspectateur semble donc se trouver face à un système qui le séduit, le contraint, et le plonge dans une obéissance d’autant plus acceptée qu’elle n’est pas manifeste. Faut-il alors jeter son écran plasma dernier cri par la fenêtre pour retrouver un espace de liberté que l’on a sans s’apercevoir abandonné ? Je ne le pense pas car il n’existe pas une télévision, mais des télévisions. Autrement dit, le petit écran sait aussi être culturel. Mais face au développement de l’offre télévisuelle et de la nature des programmes, il est aujourd’hui impératif de changer notre rapport à la télévision, à savoir faire preuve d’une sélectivité constante et exigeante, pour soi et bien-sûr pour ses enfants. La télévision en effet dispose aujourd’hui de moyens techniques suffisants et d’une place omniprésente dans la société pour être tentaculaire et manipulatrice. Il n’est pas pour autant question de bannir la télévision, mais d’en rester maître, car tout de même, n’oublions pas que c’est le téléspectateur qui conserve le pouvoir d’appuyer ou non sur le bouton de la télécommande.

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