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22 Janvier 2011
Le chaos et la physique quantique sont-ils les garants du libre-arbitre ? Ou alors nul n’échappe à la causalité et ainsi tout serait déterminé ? Si cette dernière supposition est vraie, ne suffirait-il pas qu’une intelligence supérieure soit capable d’embrasser toutes les conditions déterminantes pour abolir les frontières entre passé, présent et avenir ? Telle est la proposition que nous livre Pierre-Simon Laplace, dans son Essai philosophique sur les probabilités : « Nous devons envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome, rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé serait présent à ses yeux. » Si Laplace a raison, il n’y a plus de plus de possible, que du donné. L’avenir serait contenu dans le passé, et le présent la réalisation de cette continuité. A l’inverse, que Laplace ait tort, et alors le présent est le point de rupture entre ce qui a été et ne peut plus être modifié, et ce qui sera à condition d’être présentement. Autrement dit, la liberté est en jeu, entre la nécessité et la possibilité. La physique quantique réfuterait l’idée de Laplace, en réhabilitant le hasard. Mais qui sait, peut-être y-a-t-il une loi dépassant l’indéterminisme, en le contenant comme une partie d’un tout déterminant. Il ne s’agit là bien-sûr que d’une pure spéculation. Ce dont on peut par contre être certain, c’est que nous avons la liberté de penser que Laplace a raison ou non, ce qui n’est déjà pas si mal !