Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Empirisme contre rationalisme...ou la déduction et l'induction pour ne pas désespérer de la raison

Empirisme-rationalisme-philosophie.jpgLes empiristes et les rationalistes se sont interrogés bien plus sur les moyens de connaître que sur la capacité de l’homme quant à la connaissance. Ce point commun est le seul qui les réunit car ils s’opposent sur tout le reste. Les premiers considèrent en effet que l’on connaît grâce aux sens, les seconds affirmant eux que c’est l’entendement qui prime sur l’expérience. Nombre de penseurs illustres se sont inscrits dans l’un ou l’autre de ces deux courants de pensée, Aristote par exemple pour le premier, Platon, ou encore Kant, pour le second. Kant notamment est catégorique sur le sujet, même s’il ouvre la discussion. Il nous dit à ce propos : « Que toute notre connaissance commence avec de l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience. »  On entend bien en effet que la vue, le toucher, ou bien le goût, permettent à chacun de s’approprier une part du réel et ainsi d’en connaître la « texture ». L’observation physique se fait avec les yeux, tout comme le résultat d’une réaction chimique s’apprécie avec l’odorat. L’expérience scientifique consiste d’ailleurs à user des sens dans une direction donnée pour valider ou invalider une hypothèse. Sauf que l’on peut s’interroger sur cette direction en se demandant comment celle-ci a été décidée. N’est-ce pas la raison, avec l’intuition, qui produit des hypothèses dont l’expérience se saisit ensuite ? Dans ce cas, c’est la raison qui préexiste à l’expérience. Oui mais la raison, elle, comment nous est-elle venue ? N’est-ce pas le monde et la sensibilité que nous en avons qui constituent l’entendement ? Ne devient-on pas d’ailleurs de plus en plus raisonné avec le temps parce que l’expérience s’accumule ? Ou bien alors existe-t-il un minimum raisonnable inné, ou encore des conditions à priori de la connaissance comme le pense Kant ? Voilà de quoi tourner en rond, d’être dans le cercle, la seule façon d’en sortir étant de faire un saut, par opinion et non avec la démonstration. Ce que l’on sait par contre, c’est que nous connaissons avec notre cerveau et s’agissant d’un organe, il est donné. Est-il alors totalement vierge à la naissance, ou dispose-t-il d’un « équipement » ? La neurobiologie peut-être nous répondra-t-elle. Quant à penser qu’il existe d’autres conditions de la connaissance dépassant l’homme, ne lui appartenant pas, cette pensée s’inscrit bien plus dans une réflexion métaphysique, certes intéressante, mais qui par nature s’éloigne de tout fondement scientifique. Ce qui par contre est incontestable, ce sont les transformations dont la société a fait et fera l’objet avec le progrès scientifique. C’est bien avec la science que l’homme aujourd’hui vit plus longtemps, voit plus loin ou plus près, va plus vite et plus haut. La science est aussi méthodique, en s’appuyant tout à la fois sur la déduction et l’induction. Déduire consiste à atteindre une connaissance du particulier à partir d’un savoir d’ordre général. L’induction procède à l’inverse ; d’un point singulier j’en fais une conclusion dont la portée est universelle. Il y a ainsi des sens à la science. Faut-il privilégier l’un par rapport à l’autre ? La déduction serait plutôt une tendance rationaliste alors que l’induction est plus empiriste. Où l’on retrouve le débat philosophique entre rationalisme et empirisme dans une activité pratique comme l’est la science. Ce qui est certain, c’est que la science progresse, et elle le fait en corrigeant ses erreurs. L’avancée scientifique se fait bien plus avec des corrections qu’avec des certitudes, en éprouvant des théories. La déduction et l’induction se croisent toutes les deux pour faire de la science bien plus une somme de connaissances que le produit d’une vérité absolue. La raison est peut-être faillible mais il ne convient pas d’en désespérer. Au contraire, cette imperfection nécessite une remise en cause continuelle qui participe d’une humanité plus grande chez l’homme.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article