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9 Septembre 2010
Le 24 août 1572, les hommes du Duc de Guise se jettent sur Paris pour massacrer les protestants. Cette attaque se traduit par l’assassinat d’un peu plus de dix mille personnes en France. L’Eglise catholique ne reconnaîtra sa responsabilité dans cette tuerie que quatre cents plus tard, par la voix du Jean-Paul II lors des Journées Mondiales de la Jeunesse. Mais qu’est-ce qui est à l’origine de l’un des plus grands crimes d’Etat commis en France ?
Deux ans avant la date fatidique, l’espoir d’une paix entre catholiques et protestants se présente, suite à la décision de marier Henri de Navarre, chef protestant et futur Henri IV, avec Marguerite de Valois, plus connue sous le nom de la reine Margot. Cette union est organisée par Catherine de Médicis, mère du Roi de France Charles IX, pour officiellement tenter de mettre fin au conflit religieux. Mais la cérémonie, six jours avant la Saint-Barthélemy, se déroule dans un climat hostile. Premièrement, l’échange des consentements se fait sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, et non à l’intérieur. Le pape Pie V a en effet refusé d’autoriser Henri de Navarre à pénétrer dans l’enceinte religieuse compte tenu de son appartenance au courant réformiste, mais aussi du fait du lien de parenté étroit entre les deux futurs époux. Ensuite, le climat social est très hostile en cette année 1572. Le peuple parisien souffre sévèrement de la disette, et le prix du blé ne cesse d’augmenter. L’heure est à la nervosité générale, ce qui profite à la prédication.
Le 22 août, le chef militaire des protestants, Gaspard de Coligny, est victime d’une tentative d’assassinat. Les protestants sont alors convaincus que Catherine de Médicis a tendu un piège en organisant le mariage d’Henri de Navarre pour réunir toutes les hautes autorités protestantes en un lieu. Coligny était pourtant proche du Roi de France, Charles IX. Mais il s’apprêtait, contre l’avis du souverain, a attaqué les espagnols présents aux Pays-Bas afin de prêter assistance à ses coreligionnaires. La personne qui tente de tuer Coligny n’est pas identifiée, et ne le sera jamais véritablement. Toujours est-il que la tension entre catholiques et protestants est à son paroxysme en ce 22 août. Catherine de Médicis est persuadé qu’un coup de force sera tenté contre les catholiques. Elle provoque une réunion avec le Roi et ses conseillers. Charles IX est également choqué par les appels à la violence de protestants qui lui sont rapportés. Il estime que son autorité royale est remise en cause. Sous la coupe de sa mère, la décision est prise dans la nuit du 23 au 24 août 1572 de faire exécuter tous les chefs protestants présents à ce moment dans la capitale, dont Coligny. Celui-ci, alors qu’il se trouve sur son lit, agonisant, est défenestré, et son corps, livré à la furie populaire, est dépecé. Sur ordre du Roi, ce sont quelques personnes qui sont tuées. Mais la fureur s’empare des catholiques et le massacre se met en place. Charles IX est dépassé par la tragédie. C’est une tuerie collective qui se déroule. Un malentendu serait aussi à l’origine de l’ampleur du désastre. Les hommes du Duc de Guise auraient cru que le Roi avait ordonné l’anéantissement de tous les protestants présents à Paris, et non uniquement ceux qui les représentent. Toujours est-il que les violences ne se cantonnent pas à la capitale. D’autres territoires français sont touchés, et ce jusque septembre 1572.
Dix mille personnes périssent dans le massacre de la Saint-Barthélemy, dont trois mille à Paris. Henri de Navarre échappe à la tuerie, mais il est pris en otage par la famille royale. Il sera contraint de se convertir au catholicisme. La Saint-Barthélemy est surtout un évènement aux conséquences multiples. Elle relance les guerres de religion pendant un quart de siècle, jusqu’à la signature de l’Edit de Nantes par Henri de Navarre, devenu entre-temps Henri IV. Mais en décidant de la mort d’une partie de ses sujets, sans jugement, sous prétexte que le pouvoir royal était menacé, Charles IX ouvre la voie à la monarchie absolue.