13 Décembre 2010
La philosophie du début du XXème siècle est dominée par la phénoménologie. Ce courant de pensée a pour ambition de décrire ce que sont les choses en soi. Husserl en est l’un des plus illustres représentants. Pour lui, « toute conscience est conscience de quelque chose ». La pensée husserlienne est fondée sur l’intentionnalité, et la conscience est comme un projecteur qui met en lumière ce qu’elle vise. Cependant, avoir conscience, c’est aussi prendre de la distance avec le monde, ce qui empêche à l’homme de coïncider totalement avec le réel, y compris avec lui-même. La phénoménologie conduit en France à l’existentialisme, avec Sartre notamment. Il s’agit d’une philosophie de la liberté, dont le message resté le plus célèbre est le suivant : « l’existence précède l’essence » s’agissant de l’homme. L’être humain est un projet continuel, sans qu’il y ait d’à priori qui le détermine. Aucun déterminisme ne saurait donc le désengager de sa responsabilité ; l’inconscient, comme la pression sociale sont pour les existentialistes des arguments fallacieux, comme une expression de « mauvaise foi » selon Sartre. L’homme n’a pas de destin, mais un avenir à construire.
A côté de l’existentialisme se développe une pensée dite analytique, essentiellement d’inspiration anglo-saxonne. Le réel y est certes un sujet d’étude, mais la philosophie analytique s’intéresse bien plus aux conditions de cette étude, en privilégiant l’analyse et non la synthèse, en s’attachant plus à la rigueur de l’argumentation qu’à son contenu. Le langage en est l’un des thèmes essentiels, tout comme la logique. L’empirisme est aussi son domaine, alors que la métaphysique est abandonnée, au profit également de la science en étant au premier plan des réflexions analytiques. Foucault par exemple, s’intéresse à comprendre la généalogie des savoirs. Toujours en France, Deleuze se fait également remarquer avec son Anti-Œdipe, qui se veut être une profonde remise en question de la psychanalyse et du rôle supposé central de l’inconscient dans le comportement humain. Le XXème siècle est ainsi marqué par une révision des idées, tant sur le plan métaphysique, que psychologique. Cela devient même l’ère de la déconstruction, avec Derrida en tête dans le dernier quart du siècle dernier.
Et maintenant ? Le XXIème siècle continuera-t-il à déconstruire ? Ou alors la métaphysique se retrouvera-t-elle en première ligne ? Qu’en sera-t-il aussi de l’influence de la science sur la philosophie, avec des découvertes actuelles et à venir à propos de l’origine de l’Univers ou le fonctionnement du cerveau ? A l’inverse, la philosophie n’est-elle pas amenée à peser significativement sur des réflexions éthiques pour préserver l’homme de dérive scientiste conduisant à une déshumanisation de l’espèce ? La philosophie ne sera-t-elle pas également un rempart contre de nouvelles formes d’obscurantisme, avec le retour en grâce de certains fanatismes religieux ? Autrement dit, la philosophie du XXIème siècle ne devra-t-elle pas poursuivre ce qu’elle s’est toujours destinée à faire, soit éclairer avec la conscience, et avec cette lumière élever l’homme vers de meilleurs conditions d’existence ? A suivre…