2 Novembre 2010
« Le meilleur des mondes possibles », telle est la conclusion de Leibniz pour qualifier le réel. Pourquoi cette perfection d’après lui ? Parce que le monde est une création de Dieu et comme celui-ci est parfait, ce qu’il crée est forcément à son image. Leibniz est optimiste à l’excès, ce dont se moquera plus tard Voltaire dans Candide, par le truchement d’un de ses personnages, le professeur Pangloss. Contrairement à Spinoza pour qui la nature n’est ni bonne, ni mauvaise, Leibniz estime lui que le bien est dans tout. Il s’intéresse à ce propos à ce qui constitue chaque être, chaque chose. Il croit en l’idée de substance, comme Spinoza, mais à la différence de celui-ci, il tente de la réduire à la plus simple expression. Ce seront les monades, un concept que développe Leibniz, sorte « d’atomes de la nature », considérés comme à l’origine de tout, y compris de l’homme. L’être humain n’en est pas moins l’organisme le plus complexe qui soit, mais il n’est pas plus que la réunion de monades, donc le résultat d’un agencement, comme tout autre vivant. Pour autant, Leibniz ne réduit pas le monde à un amas de matières agencées. Selon lui, l’esprit se trouve également dans chaque monade ; elles sont en soi pourvues d’une essence spirituelle, laquelle est différente d’une monade à une autre. Certaines particules leibniziennes disposent de la faculté de conscience, et celles-là constituent l’homme, lui permettant ainsi de bénéficier d’une mémoire, ou encore de faire preuve d’intelligence, voire d’agir selon une volonté. D’autres monades par contre n’ont pas ce degré de complexité, sont soient dépourvues de toute conscience, soient n’en font pas usage. Une partie du monde vivant et l’inanimé sont un assemblage de ces particules simplifiées. Leibniz voit donc derrière chaque composant du réel un esprit, une âme. Et comme le réel est, selon lui, la somme de tout, le monde est avant tout une manifestation animique. Il n’en faut pas moins une coordination du réel car tout est multiple, les monades existant par infinité. Leibniz se persuade de l’existence d’une force coordonatrice et intelligente, la diversité étant organisée de sorte qu’il résulte de cette organisation des systèmes, lesquels concourent à l’harmonie du tout, telle qu’elle apparaît à la conscience humaine. Ainsi, la multitude domestiquée est aussi pour Leibniz une preuve de l’existence de Dieu.