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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

La mort à tous les temps

Mort-temps-heidegger-philosophie.jpgLa mort à la troisième personne est une façon de se débarrasser personnellement de l’idée qu’elle me touche. « On meurt », ou « on va mourir », concerne tout le monde et personne à la fois. Le « on » est impersonnel et de ce fait éternel, éternité que me refuse ma condition de mortel. La mort à la troisième personne est ainsi une abstraction. L’employer de la sorte permet aussi de l’objectiver, ce qui est utile à la science. La médecine par exemple doit regarder la mort en face pour comprendre la vie, ce qu’explique Foucauld dans la Naissance de la clinique : « Le regard médical pivote sur lui-même et demande à la mort compte de la vie et de la maladie, à son immobilité définitive compte de leur temps et de leurs mouvements. Ne fallait-il pas que la médecine contourne son plus vieux souci pour lire dans ce qui témoigne de son échec ce qui devait fonder sa vérité. » Mais la mort n’est pas qu’un objet. Il y a le « tu meurs ». C’est la mort qui frappe notre intimité sans nous toucher physiquement. Cette mort-là est souffrance car la conscience demeure pour la connaître. La mort à la deuxième personne casse le raisonnement épicurien qui veut que la mort ne nous concerne pas tant que nous sommes vivant, et qu’une fois mort elle ne nous concerne pas plus car nous ne sommes plus pour l’être…Puis il y a notre mort, celle que l’on ne peut pas employer au passé. Impossible de me dire que « j’étais mort », ni même que je le suis. Le seul temps applicable au sujet de la mort, entre mon existence et ma fin, est le futur. Je mourrai ! C’est ainsi que la conscience étant une projection continuelle vers l’avenir, la mort est dans chacun de mes gestes, dans chacune de mes pensées. Je porte avec moi ma mort depuis ma naissance. Heidegger disait à ce propos : « dès qu’un homme est né, il est assez vieux pour mourir ». A chacun donc de vivre avec sa mort.

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