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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

L'institution au secours du couple - Commentaire du texte Le couple, extrait des Propos sur le bonheur écrits par Alain

Institution-couple.jpgDifficile que de s’accorder au sein d’un couple. Même si l’amour fonde l’union, les tensions sont inévitables. Le philosophe Alain nous explique, dans le texte Le couple extrait des Propos sur le bonheur, que le désaccord est avant tout un effet de la nature, l’homme et la femme étant chacun soumis à une pression naturelle qui lui est propre : du domaine affectif pour ce qui est du sexe féminin, l’action concernant le sexe masculin : « […] j’aperçois des traits distinctifs qui rendent souvent les deux sexes ennemis l’un de l’autre, sans qu’ils sachent toujours bien pourquoi. L’un est affectif, l’autre actif ». Selon Alain, la femme est sujette aisément à des sauts d’humeur, que beaucoup considèrent comme une manifestation fantaisiste ou incohérente, alors que cet effet résulte de la puissance de procréation portée par le corps féminin et qui trouble ainsi plus aisément l’âme : « Affectif n’est pas la même chose qu’affectueux. Ce qu’il faut entendre sous le mot, c’est une liaison plus étroite des pensées avec les sources de la vie ; […] elle est normalement plus étroite chez la femme, par la prédominance naturelle des fonctions de grossesse et d’allaitement, et de tout ce qui s’y rattache. D’où des changements d’humeur dont les causes sont naturelles, mais dont les effets donnent souvent l’apparence de la fantaisie, de l’incohérence, de l’obstination ». Ces troubles, l’homme ne les connaît pas, mais il n’échappe pas à des tensions instinctives : « L’autre sexe est incompréhensible dans l’inaction. Sa fonction propre c’est de chasser, de construire, d’inventer, d’essayer ». Sans action, l’homme s’ennuie, et le voilà alors en souffrance sans s’expliquer pourquoi. Tout comme celui-ci ne comprend guère les états d’âme de sa compagne, la femme n’en distingue pas plus la source naturelle qui contrarie son conjoint. Selon Alain, elle y décèle une hypocrisie, et cette interprétation qui renvoie à un trait de caractère ne peut que desservir le compagnon. Le couple se trouve donc tiraillé par ce qui naturellement affecte l’homme et la femme et qui est incompris de chacun, pour ce qui est de soi et de l’autre. Pourtant, Alain ne désespère pas d’une relation de couple. Il nous explique que seule la vie publique peut atténuer les risques de dissension : « Le remède à ces maux me paraît être dans la vie publique, qui agit de deux  manières ». Il conçoit notamment la politesse comme une exigence sociale profitant à l’intimité, s’agissant d’une habitude qui exige de la retenue et ainsi écarte toute réaction impulsive. En outre, « la vie publique occupe l’homme et le détourne de cette oisiveté de complaisance dans laquelle il n’est jamais naturel, quelque bon vouloir qu’il y mette ». L’homme a donc besoin d’être en société pour se contraindre à la sobriété et se divertir, et ainsi éviter de s’isoler dans une relation exclusive le conduisant à l’ennui et au reproche. Alain reconnaît ainsi, pour ce qui est de la sauvegarde du couple, que c’est « l’institution qui sauve le sentiment ».

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