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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

A la découverte de Kant et d'une théoria nouvelle - Entretien de Luc Ferry

Kant-Critique-de-la-raison-pure.jpgLes Lumières ont fait de l'homme le principe fondateur d'une philosophie nouvelle, l'humanisme. Cette pensée accorde à la liberté une place essentielle car elle est la condition de notre humanité. L'homme n'est pas un animal parce qu'il est libre de penser différemment de ce que ses instincts tentent de lui imposer. Cependant, la responsabilité se joint à la liberté. L'homme devient homme en tant qu'être responsable de ses actes, de ses agissements vis à vis de lui-même et surtout à l'encontre d'autrui. Il s'astreint à agir selon une morale. Kant, philosophe allemand du XVIIIè siècle, s'inscrit dans cette perspective. Il commence dans un premier temps à reconsidérer la théoria, c'est à dire à réviser ce qui a trait à la connaissance du monde. La cosmologie ancienne établissait le réel comme un ordre donné, créé par une entité supérieure, divine. Ce monde, il fallait le contempler pour en percer les secrets et comprendre ses mécanismes afin d'y trouver sa place. Avec les Modernes, dont Kant appartient, cette intuition vole en éclats. Pour eux, le réel n'est pas ordonné et les découvertes de la science le démontrent. La vie et la nature sont une confrontation permanente de forces que la physique tente de décrire. Le sens n'est donc plus une donnée en lecture, il est à rechercher. La connaissance suppose dorénavant de mettre de l'ordre entre des phénomènes qui en apparence n'ont aucun lien entre eux, voire sont contradictoires ou antinomiques. Pour se faire, Kant préconise, dans la Critique de la raison pure, de procéder au jugement synthétique à priori. Autrement dit, il est nécessaire pour connaître de mettre en évidence les liens de causalité, de relier les effets qui s'observent avec les causes qui se comprennent.

La connaissance ne repose donc plus sur une activité contemplative, mais sur le travail. Il faut en effet un effort pour mettre de l'ordre dans le désordre. Un outil est également nécessaire. Ce sera la raison, et avec elle la pensée devient une pratique savante. Selon Kant, la raison pratique est toujours derrière la raison théorique. Dès lors, le travail perd le caractère servile que lui donnait les Anciens. Il n'est plus exclusivement l'histoire des esclaves et des cerfs. Le travail devient indispensable à la découverte du réel, le monde n'étant n'est plus une vision mais se matérialisant avec la réflexion. Il devient un matériau transformable au service de l'homme, tant pour son confort que pour son épanouissement. L'idée, en tant que vérité éternelle et immuable, laisse peu à peu sa place au concept qui est une construction de l'esprit.

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