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29 Novembre 2010
Faut-il tout dire en démocratie ? La transparence absolue la sert-elle, ou au contraire certains faits, ou propos, doivent-ils échapper à l'information parce que leur révélation constituerait un danger pour le régime, ou l'ordre mondial ? Voilà qu'aujourd'hui une nouvelle étape dans la communication a été franchie après que des indiscrétions diplomatiques aient été rendues publiques par plusieurs grands quotidiens nationaux de la planète, en relayant des notes obtenues par le site Internet WikiLeaks. C'est la politique américaine qui est visée, et donc tous les sujets géopolitiques sensibles, y compris pour l'Europe. L'affaire est suffisamment grave pour que certains qualifient l'évènement de « 11 septembre » de la diplomatie et que le Président Obama s'en soit ému. En effet, on en apprend un peu plus sur la façon dont les Etats-unis gèrent leurs affaires étrangères. Bon nombre de chefs d'Etat aussi, et non des moindres, sont cités, ce qui leur vaut parfois quelques sobriquets peu flatteurs. Mais au-delà de cet aspect « spectaculaire » de l'affaire, il y a bien plus grave. Des informations sont données concernant l'Iran, l'Arabie-Saoudite, Israël. Les relations entre ces différents Etats et la première puissance du monde sont suffisamment sensibles pour craindre toute fuite diplomatique, car les conséquences pouvant en résulter peuvent attenter à la paix. Le secret est ainsi nécessaire dès lors qu'il participe de la sécurité de tous. On sait très bien que les Etats, ennemis et amis, s'observent, mais cette observation est un facteur d'équilibre. Les diplomates ont donc besoin de discrétion pour travailler parce que leurs fonctions les amènent, et le pays qu'ils représentent, à prendre position par rapport aux voisins. N'oublions pas également que la diplomatie est la dernière marche avant la guerre. A la discussion avortée succèdent les armes. La démocratie nécessite donc de la confidentialité, du secret défense par exemple, sans pour autant que ceux qui en disposent soient placés ou se considèrent au-dessus des lois, profitant de la réserve qui les oblige. Cet exercice est diffiçile, mais nous savons que la démocratie par essence est fragile. Pas-sûr que Wikileaks n'est pas atteint cette fragilité...