19 Décembre 2010
Pas besoin d'être coupable pour avoir honte. Et la culpabilité si elle est reconnue n'induit pas automatiqueent un sentiment honteux. Pas besoin non plus d'être responsable pour avoir honte. On est pas honteux systématiquement de ses actes. La honte, c'est avant tout un désamour de soi qui se nourrit de la crainte du regard des autres. On a pas honte seul, devant sa glace. C'est plutôt le dégoût, le remords, qui l'emportent dans la solitude. Il faut autrui pour se sentir honteux sans pour autant que celui-ci ait à manifester la moindre désapprobation, ni un quelconque intérêt vis à vis de nous. La seule perspective qu'il puisse poser son attention sur nous suffit à la honte. Celle-ci est ainsi une chaîne que l'on fabrique, un lien personnel et douloureux avec autrui sans qu'il ait la nécessité d'y participer, sans qu'il faille non plus que l'on soit coupable, ou responsable de quoique ce soit de répréhensible. Même victime, je puis être honteux. La honte ainsi ne peut être levée que par soi, en s'affranchissant du regard des autres sans l'éliminer. La désocialisation ne serait en effet qu'une fuite et non une victoire sur soi. Dépasser une honte, c'est gagner plus de liberté, comme l'écrit Nietzsche dans Le gai savoir : « Quel est le sceau de la liberté conquise ? Ne plus avoir honte de soi-même. »