20 Septembre 2012
Le rapport entre sujet et objet est irréductible. Je serais toujours là face à quelque chose. Je ne crois pas qu’il soit possible de vivre une expérience fusionnelle avec ce qui est, laquelle expérience effacerait de mon point de vue toute altérité et me plongerait dans une unité parfaite avec le monde. C’est un leurre de penser que nous puissions être entier avec ce qui est. Nous sommes plongés dans le monde, nous en sommes une partie, sans y être entièrement, totalement absorbé. Ce n’est pas que nous y sommes à côté, au-dessus ou ailleurs. Les espaces supraterrestres sont seulement des constructions de l’esprit. Il est simplement impossible de s’arracher du monde. Le réel nous colle à la peau, sans que ce soit pour autant une enveloppe épidermique. C’est qu’il existe une distance entre ce qui est et nous-même, une distance qui n’a rien de spatial mais qui n’en est pas moins incontournable. L’appréhension en est à l’origine. Nous ne pouvons-nous empêcher de saisir les choses. Cette saisie irrémédiable nous caractérise. Nous sommes condamnés naturellement à recevoir ce qui est. On dit souvent à ce propos que le monde nous est donné. Erreur ! Ce n’est pas un don car nous n’avons pas la possibilité de notre vivant de le refuser. Nous sommes inscrits sans appel dans un rapport entre intériorité et extériorité.