21 Août 2010
« Ainsi s'écoule toute la vie : on cherche le repos en combattant quelques obstacles, et si on les a surmonté le repos devient insupportable par l'ennui qu'il engendre. Il en faut sortir et mendier le tumulte » (Pascal – Pensées).
Le divertissement nous anime bien plus pour ce qu'il permet que par son contenu. Il est parent du désir, c'est-à-dire qu'il ne s'interrompt pas, mais change de forme, ou d'objet. Son alternative est aussi effrayante : l'ennui, avec son cortège d'angoisse, ou plus précisément la conscience de la mort et la peur qui l'accompagne. La mort est pourtant ce qui est le plus représentatif de notre condition, soit de vivre avec une échéance ultime, que l'on ne connaît pas. Et c'est angoissant que de savoir ceci, alors autant chercher à l'oublier. Autrement dit, il faut être occupé, et à chacun de trouver ses occupations qui le rendront au mieux amnésique. On peut jouer, consommer, ou travailler, ou les deux. On se divertit surtout avec ce que propose la collectivité. Le divertissement, même s'il est pour l'homme un recours atemporel, n'en est pas moins de nature différente selon les époques. Pour ce qui est de la nôtre, le consumérisme est peut-être ce qui porte le divertissement à sa plus grande extrémité : il nous fait oublier l'être au profit de l'avoir. Se divertir aujourd'hui, c'est posséder, détenir toujours plus. Ainsi, l'homme avec sa condition mortelle laisse la place au consommateur, cet agent économique qui s'intègre si bien dans la machinerie mercantiliste, et alors tout devient sens, ou plutôt sens unique. L'individu cède sa liberté contre l'oubli. La mort n'est alors qu'une vague idée. Pourtant, la vie existe grâce à la mort, et inversement. Elles sont toutes deux indissociables, et ainsi chercher à nier la mort revient à amputer la vie.