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9 Août 2014
Je suis mon plus grand ennemi, et les regrets et les remords sont mes lieutenants. Ce qu'il y a de plus réel, le présent, s'efface sans résistance devant le passé et l'avenir. Je regrette et j'espère au lieu que d'être. Difficile de dire, entre le regret et l'espoir, lequel des deux entraîne l'autre. Une conception linéaire des choses laisserait à penser que le passé nourrit l'avenir, et on y verrait là une fatalité indépassable. D'autres, ardents défenseurs de la liberté, diront à l'inverse que l'avenir déforme le passé, que c'est au regard de ce qui advient que nous écrivons notre histoire sans garantir ce qui fut réellement. On peut disserter à l’envie pour tenter de départager ces deux options, pendant ce temps là rien ne change, le présent passe et nous y sommes peu présents. Des philosophies, stoïciennes pour la plupart, en appellent à la raison, et leur conclusion d'ailleurs est incontestable : le passé est ce qui n'existe plus, l'avenir ce qui n'existe pas encore. Nous souffrons donc de ce qui n’est pas. Le raisonnement est imparable, la logique implacable, sauf que cet édifice très vite s'effondre. A l'égard du passé et de l'avenir, c'est a passion qui l'emporte sur la raison. L'entendement n'est guère armé contre ces deux monstres froids enserrant le présent dans leurs griffes. Il est des jours où celles-ci sont plus acérées, d’autres où elles se détendent, relâchant leur proie. Ce ne sont là que quelques instants de répit qui appartiennent plus à l’humeur qu’à la volonté.