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5 Août 2014
L'imagination est toujours empreinte de réalité, et cela même en son extrémité, l'hallucination. Celui qui hallucine ne sait seulement pas qu'il imagine. C'est une imagination qui s'ignore et ainsi s'installe durablement. La pensée dès lors n'a plus de prise sur la réalité, laquelle s'étale à volonté, s'étire jusqu'à rompre pour se transformer. La conscience n'en fonctionne pas moins, peut-être même est-elle plus vive avec l'hallucination. Lorsque tout se transforme sans cesse, quand les formes et les couleurs échappent à toute loi, les découvertes sont sans fin. Il n'y a plus une seule réalité, mais des mondes hallucinés dont aucun n'offre l'asile. Hallucinant, la terre se dérobe. Il n'est plus de patrie à laquelle appartenir puisqu’aucune ne résiste à une imagination sans limite. La solitude est le siège de l'hallucination. On n'y reconnaît que soi, personne d’autre, car aucun ne partage ce que l'on perçoit. Après tout, la réalité est une perception sur laquelle s’accorde le plus grand monde puisque le monde pour chacun n'existe pas sans interprétation. Avec la réalité, nous sommes tous tributaire des autres, le fou pas moins, sa folie existant par défaut à ce qui est entendu communément. C'est ainsi qu’avec l'imagination, nous gagnons un peu de liberté en se soustrayant à cet accord général qu'est la réalité. Mais nous n'allons jamais bien loin puisque le point de départ de notre imagination est notre maison, et que très vite nous y retournons pour être reconnu. L'halluciné, lui, s’est perdu en chemin.