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5 Juin 2011
Aucune vengeance ne saurait être juste. Se venger n’est pas juger, mais répondre à une souffrance par la souffrance. La vengeance crée ainsi un cycle de violence inscrit dans une intersubjectivité qui maintient les parties concernées dans un rapport de force et non de droit. Avec la force, on n’arrête pas le mal, on le perpétue. On contraint celui qui, forcé, devient le plus faible, lequel ne reconnaît pas comme légitime la supériorité dont il est victime. Il n’y pas d’acquiescement mais du renoncement dans cette attitude car c’est la peur qui la motive. Cette position forcée n’est que passionnelle. La force use de la passion, la justice elle de raison. Voilà la différence essentielle et fondamentale entre vengeance et justice. Seul ce qui est juste peut aussi mettre un terme à un conflit. La vengeance n’a pas cette puissance car elle ne cherche pas à réparer. Elle est une mauvaise réponse à l’émotion. La vengeance ne répare rien ; elle déséquilibre un peu plus une relation. Voilà pourquoi il faut un tiers, le juge, qui applique le droit, et non la force. Le juge ne se venge pas car il n’est pas personnellement concerné par l’objet de son jugement. Il faut ainsi de la distance pour rendre la justice, alors que la vengeance est affaire de proximité.