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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Il vaut mieux vivre la liberté que de s'en excuser

Vivre-la-liberte.jpg« Les circonstances ont été contre moi, je valais beaucoup mieux que ce que j’ai été…je n’ai pas écrit de très bons livres, c’est parce que je n’ai pas eu de loisirs pour le faire…Sont restés donc, chez moi, inemployées, et entièrement viables, une foule de possibilités qui me donnent une valeur que la simple série de mes actes ne permet pas d’inférer ». Ces quelques lignes écrites par Sartre sont une parodie du discours adoptés par certains à propos de la liberté et son exercice. Nous ne serions pas totalement libres, et ainsi le talent ne peut se reconnaître à ce qui a pu être fait…ce qui n’empêche pas d’être très talentueux, si ce n’est génial. Cette logique satisfait particulièrement l’orgueil, car elle est indémontrable. Nul besoin de prouver ce dont on est capable, car tout résultat serait biaisé par des contraintes nous échappant et tuant dans l’œuf notre génie. Il s’agit surtout d’un procédé illusoire, consistant à délibérer une fois après avoir décidé. La délibération pourtant est antérieure à toute prise de décision. Elle consiste à trancher entre différentes possibilités, et ainsi elle est la manifestation de ce que l’on pourrait appeler le libre-arbitre. Seulement, la mauvaise foi, pour reprendre la rhétorique sartrienne, refuse cette liberté qui angoisse et responsabilise. La délibération devient alors bien plus une excuse, voire un mensonge, qu’une action en amont. Jankélévitch à ce propos la considère d’ailleurs comme une comédie qui se joue du temps : « Tout se passe comme si le moment des hésitations n’était, en quelque sorte, qu’une petite comédie inconsciente que nous nous jouerions à nous-mêmes pour légitimer rétrospectivement une décision qui, au fond, était arrêtée bien à l’avance dans notre esprit…C’est au futur antérieur qu’on délibère ». Bien-sûr que la contrainte existe, mais elle ne doit pas être un argument pour se défausser, ni se mentir à soi-même. Il est bien plus important d’envisager la liberté, non pas comme le rapport entre ce qui a été fait et ce qui aurait pu être fait, mais comme la capacité de transformer le possible en réalité, tout en acceptant que cette faculté ne soit pas absolue.

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