25 Octobre 2012
L’enfance est fragile parce qu’elle ne dure pas, mais c’est aussi cette fragilité qui la fait si précieuse. C’est une tâche bien difficile que de protéger cette enfance que l’on sait condamnée d’avance. Nous ne pouvons, nous les adultes, que soigner le sursis. Le temps en effet reste sourd aux supplications de Lamartine ; il ne suspendra pas son vol. Mais ce serait criminel que d’être son complice en ordonnant à ce bambin de grandir plus vite. Au contraire, le plus grand mérite du parent est de retarder le plus possible ce moment où l’enfance vole en éclat sous les coups d’une adolescence réclamant ses droits. Mais c’est également une difficulté de taille parce que l’enfant lui-même est complice de son trépas. Ne cherche-t-il pas en effet à tout crin à devenir grand. Il s’active, il s’anime, il apprend, tout cela lui promettant la sortie de son état enfantin. Enfin, nous sommes aussi impuissants devant la solitude qui frappe l’enfant dans ses derniers instants, lorsqu’il se demande si les adultes l’aident à ne plus se tromper ou bien s’ils sont des imbéciles. L’enfant dans le meilleur des cas aura été accompagné pour atteindre cette question, mais il vivra seul sa fin en cherchant la réponse.