8 Mars 2012
Le concept, la rigueur, la cohérence, la logique, voilà bien quelques critères, peut-être les plus communément employés, pour distinguer le philosophe. Celui qui y satisfait se voit alors remarquer en tant que « professionnel de la philosophie ». Reconnaissons que cette professionnalisation, ainsi prétendue, n’est guère plaisante. La philosophie semble s’éloigner du plaisir, du bien-être, et alors elle s’épuise. Philosopher n’est pas emprunter un chemin aride, sec comme le bois cassant, sans âme tel un désert. Pourtant, le concept, la rigueur, la cohérence, la logique, servent la philosophie. Ils lui sont même nécessaires ; à défaut, l’ineptie n’est pas très loin, en bordure de la route, ou après un virage. Quelque chose de plus sert donc la philosophie, lui est tout autant nécessaire, ce que j’appellerai la couleur. Mettre de la couleur entre les lignes, colorer le raisonnement, pour qu’il soit plus éclatant, brillant. Ce n’est pas tant de lumière dont la philosophie a besoin, mais de brillance. La couleur, c’est aussi ce qui permet la nuance. Imaginons un raisonnement totalement faux, mais coloré, nuancé, dessiné, fardé de quelques subtilités ; cet éclat restera, au-delà de la conclusion. Même si le concept est vidé de sa force, nous n’aurons pas perdu notre temps en recevant sa couleur. L’élégance n’est pas l’apanage des mathématiques.