L'art abstrait pour joindre l'être et le néant

8 Janvier 2013

La peinture abstraite est la dernière étape vers la liberté. A ce stade, l’artiste s’est affranchi de toute tendance, de toute influence, de tout mouvement, de toute référence avec le réel. Le peintre est désormais seul avec la forme et la couleur, avec lui-même et son œuvre. L’abstraction a cela de fascinant qu’elle ne ressemble à rien tout en étant accessible à tous. Nous sommes en effet tous égaux devant une peinture abstraite car aucune culture, aucune histoire, ni référence ou savoir, n’est imposé pour y accéder. Et pourtant, bien souvent l’abstraction rebute. On n’y comprend rien, entend-on dire. D’autres affirment que c’est laid, comme si l’art se résumait à la beauté, comme si la peinture abstraite était affaire de goût. Certains ne disent rien, et l’on croit qu’ils ont admis que l’art abstrait n’a rien de raisonnable, mais ce n’est de leur part qu’un silence poli. Ceux-là mêmes n’ont pas abandonné l’idée de comprendre ce qui n’a rien de compréhensible...L’art abstrait déroute aussi parce que ne ressemblant à rien, il n’en vise pas moins l’essentiel, et l’on se rend compte que l’essence et le néant ne sont guère éloignés l’un de l’autre. L’art abstrait ne dégoûte pas. Il effraie peut-être, en nous faisant sentir que nous ne sommes jamais très loin de l’abîme.