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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

La philosophie selon Gilles Deleuze...ou le concept pour donner plus de vie à l'existence

Deleuze.jpgGilles Deleuze définit la philosophie dans les termes suivants : « La philosophie est l'art de former, d'inventer, de fabriquer des concepts. » (Qu'est-ce que la philosophie – Gilles Deleuze et Félix Guattari). Le philosophe serait ainsi quelqu'un qui crée, et cette création serait à l'origine du concept, le matériau philosophique par excellence pour Deleuze. Philosopher pour lui n'est pas réflexion, ni contemplation. Il est plutôt question de construire, et non de recevoir, pour savoir : « La philosophie ne consiste pas à savoir, et ce n'est pas la vérité qui inspire la philosophie, mais des catégories comme celles d'Intéressant, de Remarquable, ou d'Important qui décident de la réussite ou de l'échec. Or on ne peut pas savoir avant d'avoir construit. » (Qu'est-ce que la philosophie ?). Deleuze remet aussi en cause la conception classique fondant l'exercice philosophique sur une dynamique dialogique et qui met en exergue le compromis discursif comme approche de la vérité. Deleuze voit bien plus dans la discussion un moyen narcissique, au service de celui qui discute : « Discuter, c'est un exercice narcissique où chacun fait le beau à son tour : très vite, on ne sait plus de quoi on parle. » (Paradoxe – Gilles Deleuze). Et d'ajouter également que se représenter la discussion comme une démarche philosophique n'a guère de sens, cela conduit même à une aporie : « Comment discuter si l'on a pas un fonds commun de problèmes, et pourquoi en discuter si l'on en a un ? » (Paradoxe).

Le concept, et la philosophie qu'il détermine, n'est pas une description, ni une représentation abstraite qui nourrit des idées généralistes, voire conclut sur la transcendance. Deleuze tient absolument à éviter cette dernière car il la considère comme mortifère. La transcendance en effet est une fixation, un ordonnancement, qui contrarie le mouvement alors que la vie est un flux. Et dans un flux, toute chose change et se succède. La vie est donc une succession d'évènements, et pour la saisir, rien de mieux que d'opérer dans cette succession. Ainsi, Deleuze fait du concept un outil pour écrire l'évènement à venir, pour « dégager toujours un événement de choses et des êtres. » (Qu'est-ce que la philosophie ?). Et il inscrit la philosophie dans l'expérimentation, pour participer à la suite des choses, pour donner plus de vie à l'existence : « On écrit toujours pour donner la vie, pour libérer la vie là où elle est emprisonnée, pour tracer des lignes de fuite. » (Pourparlers). Le concept avec Deleuze ne perd pas de son caractère général, sauf qu'il n'est pas une conclusion mais une introduction. Avec le concept, et donc avec la philosophie, il ne s'agit pas de s'enfermer dans une idée, mais de multiplier les occasions d'évènements, d'accroître ce qui est possible.

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T
<br /> Cette définition de la philosophie me paraît la plus pertinente. Ce philosophe des plis me paraît-il est celui dont ses concepts vont régner pour des décennies.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Merci pour ce commentaire très intéressant.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Je partage cette idée que le réel ne ce conçoit que conceptualisé, et que de même que le concept nous ouvre au réel, de même le réel nous ouvre au concept.c'est dire que tant que le réel sera, le<br /> concept sera également et réciproquement.<br /> <br /> <br />
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