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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Les philosophes - Descartes - Le cogito ergo sum

Descartes.jpgDescartes fût un aventurier, mais pas de ceux dont l’histoire, les arts ou les médias nous ont habitués à leurs exploits. L’homme était en effet discret, n’aimant guère s’exposer à la lumière, réservant celle-ci plutôt à l’esprit au lieu du faste ou de la célébrité. L’aventure de Descartes est une épopée intellectuelle avec comme axiome le doute, la remise en cause de tout ce que la philosophie avait livré au cours des siècles derniers. Tout doit être remis à plat car selon lui, la philosophie s’est perdue en cours de route. La critique, qui inspira les premiers penseurs, s’est trouvée muselée par la scolastique et la théologie moyenâgeuses. Descartes se propose donc d’aider la philosophie à retrouver son chemin originel. La tâche est immense, voire héroïque selon Hegel. Le premier point de rupture avec la pensée contemporaine est l’emploi par le philosophe du « je ». Il ne s’agit pas tant de faire état d’une autobiographie ou de délivrer un ressenti, mais d’intégrer dans sa démarche toute la subjectivité qui le caractérise, car en tant qu’individu il ne peut en être autrement. Il se positionne ainsi au même niveau que tout autre, l’objectif n’en restant pas moins d’atteindre la vérité universelle. Les moyens sont certes subjectifs mais ils concourent à l’atteinte d’un but objectif, donc participent également à l’égalité entre les individus. En ce sens Descartes est généreux. Il souhaite donner, en usant de sa personne comme chacun serait en mesure de le faire, et le don doit être identifiable par tous. Son entreprise est tout aussi désintéressée qu’égalitaire. Il va d’ailleurs même jusqu’à proposer le mode d’emploi, le Discours de la méthode, pour que quiconque s’il le désire puisse emprunter le même chemin. Descartes est en effet convaincu que chaque homme dispose d’un matériel commun à tous, la raison, qu’il peut exploiter et ce quelque soit son origine, sa situation sociale, sa culture. Il s’agit plus d’une question de volonté, tout en sachant que l’entendement a ses limites. Les principaux axes méthodologiques énoncés par le philosophe portent sur la façon de résoudre une difficulté, un problème, en le fragmentant selon les différents éléments qui le constituent et en résolvant l’inconnue de chaque composante ainsi identifiée. Descartes insiste également sur les notions de distinction et de clarté, à savoir que tout n’est véritable qu’à condition d’être clair et distinct. La formule par sa simplicité est séduisante, mais encore faut-il savoir à partir de quand clarté et distinction sont effectives et qu’il ne s’agit pas là d’une illusion. Descartes, sur cette interrogation, invente le cauchemar philosophique par excellence, en postulant sur l’éventualité de douter de tout. Ce qui rationnellement m’apparaît clair et distinct n’est peut-être que le résultat d’une manipulation, d’une machination orchestrée par une entité transcendante, le Malin Génie comme le nomme Descartes, qui continuellement nous trompe. Pour échapper à cette incertitude obsédante, le philosophe convient qu’il lui faut découvrir un point d’ancrage d’une évidence incontournable et sans contestation possible. Ce sera le cogito ergo sum, « je pense, donc je suis ». Que me déductions soient vraies ou fausses, sincères ou malhonnêtes, rationnelles ou pas, une chose est certaine, c’est que je pense et que cela nécessite que j’existe. A partir de ce postulat, Descartes puis bien d’autres ensuite pourront commencer à construire.

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S
Bonjour, <br /> je lis régulièrement votre bog, par ailleurs très intéressant, mais je tiens à relever un passage qui me semble étrange et que j'aimerais pointer.<br /> <br /> Vous écrivez : &quot;Ce qui rationnellement m’apparaît clair et distinct n’est peut-être que le résultat d’une manipulation, d’une machination orchestrée par une entité transcendante, le Malin Génie comme le nomme Descartes, qui continuellement nous trompe.&quot;; <br /> et cela est à mon avis contestable, puisque ce que fait en effet Descartes, c'est établir une différence entre le Malin Génie (qui est un moyen de douter, un artifice méthodique) et ce qu'il nomme le Dieu trompeur (qui apparait lui comme une réelle raison de douter), A mon sens, Descartes n'utilise le Malin Génie que comme pure invention, et dans votre passage, j'y vois une confusion avec le Dieu Trompeur...
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