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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Cycle des Lumières : Spinoza refuse l'obscurantisme religieux et propose une nouvelle lecture des écritures saintes

Spinoza-refuse-obscurantisme.jpg« Mais si le grand secret du régime monarchique et son intérêt majeur est de tromper les hommes et de colorer du nom de religion la crainte qui doit les maîtriser, afin qu’ils combattent pour leur servitude, comme s’il s’agissait de leur salut, et croient non pas honteux, mais honorable au plus haut point de répandre leur sang et leur vie pour satisfaire la vanité d’un seul homme, on ne peut, en revanche, rien concevoir ni tenter de plus fâcheux dans une libre république, puisqu’il est entièrement contraire à la liberté commune que le libre jugement propre soit asservi aux préjugés ou subisse aucune contrainte ».


Dans sa préface au Traité théologico-politique dont il est l’auteur, Spinoza oppose le régime monarchique à la république dite libre. Son propos condamne la superstition et l’emprise des autorités religieuses sur les esprits, qui voient ainsi leur liberté de jugement corrompue par la peur inspirée d’une interprétation intéressée des textes bibliques. Spinoza cependant n’est pas un révolutionnaire. Il souhaite un état de droit qui puisse assurer à chacun l’exercice de sa liberté de pensée et de jugement : « Puis donc que ce rare bonheur nous est échu de vivre dans une République, où une entière liberté de juger et d’honorer Dieu selon sa complexion propre est donnée à chacun, et où tous tiennent la liberté pour le plus cher et le plus doux des biens, j’ai cru ne pas entreprendre une œuvre d’ingratitude ou sans utilité, en montrant que non seulement cette liberté peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l’Etat, mais que même on ne pourrait la supprimer sans détruire la paix de l’Etat et la piété ».  Spinoza est ainsi convaincu que la liberté individuelle est un socle pour toute société permettant d’assurer sa pérennité. Il critique l’exploitation du divin à des fins de puissance par corruption de la foi, laquelle dans ce cas entretient l’homme dans un obscurantisme l’empêchant d’employer la raison : « Il n’y a donc à s’étonner si rien n’est demeuré de la Religion même, sauf le culte extérieur, plus semblable à une adulation qu’à une adoration de Dieu par le vulgaire, et si la foi ne consiste plus qu’en crédulité et préjugés. Et quels préjugés ? Des préjugés qui réduisent des hommes raisonnables à l’état de bêtes brutes, puisqu’ils empêchent tout libre usage du jugement, toute distinction du vrai et du faux, et semblent inventés tout exprès pour éteindre la lumière de l’entendement ». Cependant, Spinoza ne refuse pas Dieu. Mais il porte le projet de réviser la méthode de lecture des écritures saintes car celles-ci, pour le philosophe, ne portent pas en elle l’aversion de l’entendement. C’est ainsi l’annonce d’un monde libre qui anime Spinoza, et cette promesse constitue l’un des points de départ des Lumières.

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