28 Décembre 2011
Il faut sauver la planète, nous dis-t-on. Chaque sommet international à propos de l’environnement est présenté comme la réunion de la dernière chance, de la même façon que pour l’euro, avant que ne survienne la grande catastrophe. Sincère ou pas, il y a une mise en scène visant une dramatisation des enjeux dont l’analyse ne serait pas sans intérêt. Mais laissons cela pour plus tard. Ce qui est d’ores et déjà intéressant, je pense, c’est la manière dont est traitée la menace planétaire. La nature va mal et c’est l’homme le responsable de tous ses maux, tel est le message de plus en plus consensuel au sein de la communauté scientifique. Mon propos n’est pas non plus d’attester ou de récuser ce que des experts du monde entier affirment. Accordons-leur tout le crédit inhérent à la compétence. Mais chose évidente également est la transformation du rapport de l’homme avec la nature au gré du développement scientifique et technique. Disons simplement que l’être humain, dans sa nécessité de transformer le monde à sa convenance, est passé d’un stade passif où le rendement énergétique était dépendant des éléments, même si la nature ne commande rien car on ne peut lui prêter aucune intention, à une activité des plus intensives. L’homme en effet s’est saisi de cette nature, la prise entre ses mains pour y puiser lui-même toute l’énergie désirée. En d’autres termes, disons simplement et rapidement que nous sommes passés du moulin à vent à la centrale nucléaire. Il ne nous faut plus attendre que le vent veuille bien se lever pour que le grain soit moulu. Le cœur des choses est désormais à notre portée. Il suffit de se servir pour manipuler, agencer, transformer, fusionner. Descartes souhaitait que nous soyons maîtres et possesseurs de la nature, et nous le sommes devenus, progressivement, jusqu’à ce que la tendance s’inverse. Aujourd’hui, le réel a de moins en moins de secret pour l’homme, mais l’usage qu’il en fait le menace de plus en plus. Certes, les sommets de la dernière chance sont à chaque fois une avancée par rapport aux précédents, mais les pas sont de petite taille. Cette petitesse est liée au traitement du problème, à savoir que toutes les nations s’inscrivent dans la négociation tout en se maintenant dans la possession de la nature par l’être humain. Il s’agit de réduire des émissions, de ponctionner moins, en clair de se fixer des objectifs quantitatifs visant à diminuer l’empreinte de l’homme sur la terre, à épargner ce que la nature nous accorde. Un danger si grand qui pèse sur l’écosystème tout entier ne nécessite-t-il pas plutôt un changement de rapport entre l’homme et la nature ? Ne vaut-il pas mieux sans remettre un peu plus aux éléments naturels que de les provoquer ? Oui ou non, toujours est-il que la question suppose une révision qualitative de la relation entre l’être humain et la terre qui le porte, bien loin des logiques comptables en discussion depuis plusieurs années…