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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Liberté individuelle contre liberté collective...ou quand Marx rejoint les Grecs

Liberte-individuelle-collective.jpgAristote disait à propos de l’homme qu’il est un animal politique, ce qui signifie que la société précède toute existence humaine. Naturellement, l’homme serait un être social. Seul, il ne se suffirait pas à lui-même pour être déclaré humain. La cité serait une composante de son humanité. Cette conception aristotélicienne vaut à la société d’être supérieure à l’individu. Les Anciens d’ailleurs ne reconnaissaient que la liberté collective, c’est-à-dire celle dont chacun jouit à condition de s’insérer et de se soumettre à un corps social. Pour autant, les Grecs n’accordaient pas à tous cette voie d’intégration comme conditionnelle d’une liberté civique. Les grecs, aussi civilisés soient-ils, ont pratiqué l’esclavage. Ils n’ont bien-sûr pas été les seuls…

La pensée moderne renversera la perspective antique à propos de la liberté, en accordant celle-ci par principe à chaque individu. La théorie entrera dans le droit, avec notamment la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Mais entre le droit et le fait, la distance bien souvent est longue. C’est ce que critiquera Marx en condamnant l’esprit des Lumières, qu’il considère bien plus comme une prise de contrôle intellectuelle d’une classe donnée, soit la bourgeoisie. L’égalité existe peut-être en droit, mais la réalité est tout autre selon Marx. Celui-ci n’admet pas que l’on considère comme irréductibles certaines règles sociales, comme la relation déséquilibrée entre le patron et le travailleur. Pour faire cesser tout déséquilibre de classe, il n’en faudrait selon lui plus qu’une. Seulement, l’expérience du marxisme a montré que l’égalitarisme et le totalitarisme ne sont guère éloignés. Annuler toute différence sociale condamne la liberté individuelle. C’est en quelque sorte revenir à la liberté collective des Grecs, avec d’autres formes d’esclavage. Il faut contraindre pour atteindre une égalité absolue parce que l’association humaine est avant toute chose motivée par des besoins qui sont bien plus individuels que sociaux. En d’autres termes, avant que d’être un animal politique, l’homme est un être pour qui le groupe est indispensable sur un plan naturel. L’être humain est devenu civilisé pour satisfaire des instincts naturels, dont le premier d’entre tous qui est se défendre pour survivre. La civilisation est bien plus le produit de préoccupations individuelles que la fin d’un dessein politique. C’est peut-être d’ailleurs l’antagonisme né de la réunion des intérêts égoïstes qui fondent le lien social. Chacun est intéressé individuellement, mais il lui faut vivre socialement pour satisfaire une partie de ses aspirations. Seul, il ne peut rien. La société ainsi serait au départ le point de conjonction de forces contradictoires, puis, dans un mouvement dialectique, elle deviendrait productrice d’universel. En effet, l’opposition de deux forces n’a pas que pour issue la suppression de l’une au bénéfice de l’autre.  Le conflit induit également le dépassement. Une société pour se maintenir dans le respect des libertés individuelles, et non collective comme celle proposés par les Grecs puis par Marx, ne doit donc avoir de cesse de se dépasser.

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