18 Mai 2011
La propriété est une appropriation de la nature par l’homme. Elle consiste à détenir une partie du monde et d’en disposer à volonté. Mais la propriété est aussi et surtout au centre des rapports humains. En possédant, l’homme se différencie de son semblable. Il détient ce que l’autre n’a pas et c’est cette détention personnelle qui lui donne le statut de propriétaire. Ainsi, la propriété est par essence inégalitaire. La société, pour peu qu’on la souhaite comme une organisation répondant à une volonté générale qui n’est pas la somme des besoins individuels mais une aspiration au vivre ensemble dans le respect de chacun, se doit de limiter la propriété. Celle-ci en effet est en-soi sans limite. Il est possible de détenir toujours plus, avec le travail. En travaillant, l’homme habite le monde ; il rend le réel humain. La propriété est donc la réalisation de l’homme dans son ensemble, mais elle crée de l’inégalité sur un plan individuel. Détenir toujours plus revient à priver d’autres de posséder. Il faut donc la loi pour que l’inégalité inhérente à la propriété soit acceptée et reconnue par tous, mais aussi la loi pour limiter l’accès la propriété. Sans limite, la loi devient celle des plus riches, au détriment des plus pauvres. La propriété ne peut être garantie à condition qu’existe pour chacun la possibilité de devenir propriétaire.