L'idée générale pour une politique honnête

Jamais je ne tracerai un cercle parfait. Le carré que je dessine également n’a aucun côté dont la longueur soit parfaitement égale à celle d’un autre côté. Pourtant, cette figure que ma main a formée avec application, sur une feuille, est bien un carré. La preuve en est, je puis demander à quiconque de quoi il s’agit, il me répondra un carré. Ainsi, certaines idées que je peux avoir n’ont pas de réalité sensible. Je pense un carré comme une figure géométrique aux quatre côtés absolument égaux. Mais dès lors que j’en trace les contours, cette égalité s’épuise. J’ai quelque chose qui ressemble à un carré, qui en a la silhouette, mais qui n’en est pas totalement un. Comment est-il alors possible que je puisse avoir une idée d’une chose qui n’existe jamais réellement, n’a jamais existé et n’existera jamais ? Ce n’est pas l’expérience qui en est la source. Ce ne sont pas mes sens qui la reçurent. Cette idée du carré s’est comme invitée dans mon esprit. Certains diront qu’elle y a été déposée. Très bien. Mais par qui ? Et pourquoi ? Je préfère en rester au mystère qu’avancer une prétendue vérité, une de plus dirai-je, et aussi admettre que cette idée, générale dirions-nous, comme beaucoup d’autres, me permet de comprendre ce qui est et donc de me sentir moins désorienté dans un monde où nul direction n’existe, si ce n’est celle que d’autres vous imposent. Ainsi, je me méfie du démagogue qui fait de l’expérience son seul champ d’investigation. Il est plus facile de convaincre avec ce que tout le monde souhaite entendre, et donc pour chacun d’adhérer à des paroles opportunistes. Il s’agit là d’émotions qui s’échangent. Mais il est risqué d’être gouverné avec des émotions. Celles-ci sont changeantes, malléables, manipulables. Elles n’ont pas la solidité d’une idée générale, cette solidité qui fait l’honnêteté des discours.