8 Janvier 2011
Le coeur à gauche, le porte-monnaie à droite, dit-on couramment pour différencier les deux tendances politiques. La formule est probablement un raccourci, mais elle en dit un peu tout de même sur ce qui divise en politique. Plus profondément, qu'est-ce qui distingue la gauche et la droite ? Rappelons dans un premier temps que les termes de gauche et de droite sont utilisés dans le langage politique depuis la Révolution française. Les députés de la jeune Assemblée constituante se regroupaient par affinité idéologique, pour physiquement faire bloc, à la gauche ou à la droite du président de scéance. Ensuite, la gauche et la droite se distingue selon les catégories sociales qui adhèrent à chacune d'elle. Historiquement, les pauvres et les salariés sont de gauche, les plus riches et ceux disposant d'eux-mêmes dans leur travail s'orientant à droite. Rien n'empêche bien-sûr d'être riche et de gauche, ou pauvre et à droite. Mais traditionnellement, le monde ouvrier s'inscrit à gauche, le patronat à droite. Cette répartition sociologique entre les deux camps est certes intéressante mais elle n'oblige pas, bien heureusement, même si des influences sont toujours possibles. Ce qui fondamentalement détermine la gauche et la droite sont le projet et les valeurs qu'elles portent chacune. Sur le projet, la gauche est volontairement progressiste, avec la révolution pour brûler les lignes établies ou la réforme pour les faire bouger. Son rapport au temps s'en trouve d'ailleurs marqué : il faut au présent changer ce qui est, afin que le passé ne se prolonge pas dans le futur que l'on veut plus radieux. A droite, le rapport est inverse. Le présent doit permettre de conserver au futur le passé. La droite préfère ainsi le maintien au changement, l'ordre au bouleversement. Ses ambitions sont avant tout conservatrices. Concernant les valeurs, la gauche est dite plus généreuse que la droite. Toutes deux s'accordent certes sur l'égalité des droits. Mais la gauche veut plus, c'est-à-dire l'égalité dans les faits. La gauche serait en quelque sorte plus politique que la droite. Elle refuse les déterminismes sociaux et culturels. Elle reconnaît dans la naissance l'évènement de la vie le plus inégalitaire qui soit. A droite, la nécessité l'emporte plus sur le volontarisme. Que certains naissent dans les meilleurs conditions qui soient, c'est ainsi. Pourquoi leur retirer ce qu'ils possèdent naturellement ? De là on en vient aisément de la politique aux valeurs individuelles : l'homme de gauche serait généreux, solidaire, alors que celui à droite serait un égoïste. Ainsi, on déclare ouvertement être de gauche, alors qu'on confesse plutôt être de droite. La gauche apparaît plus vertueuse, plus combattante, plus énergique, plus vivante. C'est pour cette raison qu'elle attire plus facilement la jeunesse. La droite elle, serait réservée aux générations anciennes. Je concède volontiers que cette dernière différenciation est caricaturale, mais comme toute caricature, elle s'appuie sur le réel. Ce qui est certain, c'est que la démocratie fonctionne selon la règle de la majorité et qu'ainsi elle structure la politique en deux parties, chacune évoluant et se divisant en elle-même pour créer des partis. La politique est une affaire de sensibilité certes, mais aussi et surtout de réflexion. On ne gouverne pas avec des émotions, ne nous laissons pas gouverner par les nôtres quant à choisir son camp. Ni la droite, ni la gauche, n'a le monopole de l'intelligence...et du coeur.