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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

L'universalisation du monde par l'homme pour parer sa propre fin

Universalisation.jpgA propos des idées, Alain nous invite, dans Eléments de philosophie, à distinguer celles qui sont dites générales de celles dont le statut est universel.  Pour résumer, l’auteur considère que les premières renvoient à des objets, tandis que l’universalité s’établit dans des pensées communes à tous. En effet, est dit général ce que l’on constate d’un objet, à partir d’expériences certes différentes mais qui convergent vers un même résultat, ou peut-être sur une même interprétation. Mais ce qui général pour un objet ne l’est pas pour tous. La généralité est ainsi un point de vue personnel qui se partage avec d’autres, selon des situations données, à partir d’engagements particuliers. Son fondement est conditionné à une implication. C’est ainsi que parler d’une généralité sans y avoir été confronté ressemble fort bien à de l’opinion, avec le risque d’erreur qui lui est inhérent. A contrario, ce qui est universel nous concerne tous, au-delà de toute expérience et de tout calcul. Il y a un côté transcendant, nous dirions-même tranchant, dans l’universalité. C’est comme cela et pas autrement. Alain nous donne pour exemple l’idée du cercle qui ne souffre d’aucune contestation. Un cercle est parfaitement rond et c’est là une vérité indépassable, bien que la nature, donc l’expérience, n’en soit nullement la représentation. Il existe toujours, pour toute chose, quelques aspérités, ou difformités, en référence à une perfection idéalisée. Cette idéalisation ne concerne que l’homme, non pas qu’il soit touché par quelques grâces divines, mais parce qu’il en est le seul producteur. Mais à partir de quoi alors, si la nature est imparfaite ? Il y a dans l’universel une part de mystère quant à sa construction. Rien de ce qui nous entoure n’est idéal, et pourtant nous voilà propriétaires de quelques idées universelles qui sont détachées de notre environnement. Alain nous dit à ce sujet que cette propriété est le fruit d’un héritage culturel, d’un patrimoine qui appartient à tout homme en tant qu’esprit capable d’en recevoir les fruits. L’universel nait ainsi de la réflexivité, en s’appuyant sur le réel, donc sur des généralités, avec la volonté de parfaire ce qui ne l’est pas, de rendre immuable ce qui est éphémère, de diviniser si j’ose dire ce qui est naturel. L’universalisation est peut-être un moyen pour l’homme de parer sa propre fin.

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