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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Qu'est-ce qui fonde l'opinion ?

Opinion.jpg« Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j’avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j’ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain ; de façon qu’il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. » (Méditations métaphysiques – Descartes).

Descartes entend dans ce texte se défaire des opinions en tant qu’impensés non soumis à la critique. L’opinion est théoriquement d’une valeur faible car la raison ne s’est pas saisie de son énoncé. Et pourtant, les hommes sont prêts à se battre pour les défendre, jusqu’à mettre en péril leur vie. Qu’est-ce qui constitue alors leur force de persuasion bien que les opinions ne soient bien souvent que des châteaux de cartes à la merci d’un souffle raisonné ? Plusieurs explications à cela :

- le poids des habitudes et la commodité de l’ouï-dire favorisent une vérité à portée de main dont l’usage n’en est que plus aisé. Une bonne écoute est suffisante pour avoir un avis sur tout et un auditoire peu rigoureux se satisfait assez bien de simples communications ;

- la dictature du nombre qui affirme l’idée la plus couramment véhiculée, laquelle s’auto-entretient dans son leadership jusqu’à devenir une pensée unique. La collectivité a pour elle le bénéfice de la majorité qui pourtant n’exclut par l’erreur, ni ne la légitime. Gandhi à ce propos déclarait : « Ce n’est pas parce qu’une erreur est partagée par le plus grand nombre qu’elle devient une vérité. » Rousseau également partage cet avis sur le diktat du plus grand nombre : « Prenez toujours contre-pied de l’usage et vous ferez presque toujours bien. » (Emile ou de l’éducation – Rousseau) ;

- la paresse et la lâcheté ne sont pas bonnes conseillères dès lors qu’il s’agit de s’affirmer. L’acceptation nécessite peu d’effort et sécurise. Aller à l’encontre de ce qui est couramment admis exige un courage qui n’est pas universel. Il est bien plus aisé et confortable de s’en remettre à l’opinion générale, de se fondre dans la masse pour jamais n’en sortir ;

- le caractère utilitaire des opinions lorsque celles-ci approuvent nos besoins et nos désirs. L’opinion qui ne se soumet pas à la raison se caractérise par sa souplesse quant à justifier des agissements ou des comportements qui ne sont que la résultante de passions irraisonnées ;

- l’autorité qui s’appuie sur une compétence singulière dans un domaine précis induit la reconnaissance, laquelle facilite d’autant l’approbation sans que les idées soient remises en cause. Un énoncé savant est admis sans que chacun puisse pour autant en faire la démonstration. Une vérité n’est pas forcément partageable par tous au même niveau, entre celui qui dispense un savoir parce qu’il en détient toutes les clefs, et celui qui écoute et croit ce qui lui ait dit car il est n’est pas capable de fonder rationnellement ce qui est affirmé.

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