29 Octobre 2010
« On ne naît pas femme, on le devient. » C’est une femme, Simone de Beauvoir, qui n’a pas eu d’enfant qui a énoncé cette proposition. Reconnaissons pourtant que l’homme et la femme sont différents, et que cette différence est liée au don de la vie, lequel est un déterminisme naturel spécifique à la gent féminine. Certes, la culture permet de se soustraire d’une nature déterministe, mais cette soustraction n’est pas donnée. Elle se paie au prix d’un effort, soit dans le cas présent de renoncer à tout ou partie du rapport le plus intime qui puisse exister, celui que connaît et entretient la mère avec son enfant. Ce n’est pas rien, ne s’agissant pas d’une tension sociale ou économique, bien plus matérialiste qu’affectif comme l’est la relation maternelle. On dit aussi de cette relation qu’elle est un frein à la réussite professionnelle, et qu’ainsi la réalisation de soi en est d’autant plus contrariée. Mais se réalise-t-on vraiment dès lors qu’un sentiment d’abandon accompagne le détachement physique, résultat d’un travail exigeant ? Certainement que non, mais c’est un homme qui dit cela. On pourrait me faire le reproche de tenir un discours empreint de fatalisme pour justifier toute discrimination à l’encontre des femmes, en reconnaissant que naturellement elles n’offrent pas les mêmes conditions de disponibilité que leurs collègues masculins. Mais c’est pourtant vrai ; non pas que la discrimination soit justifiable car elle est un abus, mais pour ce qui est d’une inégalité homme-femme quant à pouvoir se rendre disponible comme désiré. La relation paternelle s’entretient toujours avec une nécessité de présence moins forte que celle dont la femme est sujette. Peut-être s’agit-il d’une volonté de protection plus forte, née en portant l’enfant dans son corps, et qui s’immobilise dès le premier cri poussé. Toujours est-il que rien n’égale de donner la vie en soi, et seule la femme en a la capacité. C’est bien là une différence essentielle et qui est fondamentale quant à l’organisation des rapports humains. Mais cette différence ne dit pas que la femme doit tenir le second rôle. Par contre, la nature est ce qu’elle est, et il est ainsi difficile de reconnaître la femme comme un concept, ou un statut. Tout comme l’homme d’ailleurs…