7 Février 2011
A propos du repentir, Descartes en donnait la définition suivante : « C’est une espèce de tristesse qui vient de ce qu’on croit avoir fait quelque mauvaise action ; et elle est très amère, parce que la cause ne vient pas de nous. Ce qui n’empêche pas néanmoins qu’elle soit fort utile. » Ainsi, avec le repentir, on prendrait conscience d’une faute commise et l’on s’engagerait à ne plus la commettre, à tout le moins volontairement. Le repentir est-il alors vertueux ? Spinoza répond que non, et ce pour deux raisons. La première considère un lien entre vertu et capacité d’action, ce que ne garantit pas le repentir. Il ne suffit pas que le repenti décide à ne plus agir comme il l’a fait pour être en mesure de tenir cette décision. Ensuite, le repenti est une passion triste, et la tristesse pour Spinoza n’est pas vertueuse. Avec le repentir, l’on est triste en constatant son impuissance, ce que Spinoza nous dit dans Ethique : « Le repentir n’est pas une vertu, c’est-à-dire qu’il ne tire pas son origine de la raison ; celui qui se repent de ce qu’il a fait est deux fois misérable ou impuissant. » Mais Spinoza considère pourtant qu’il vaut mieux le repentir, même s’il ne s’agit pas d’une vertu, que rien du tout, toutes choses égales par ailleurs : « La honte, quoiqu’elle ne soit pas une vertu, est bonne cependant, en tant qu’elle dénote dans l’homme envahi par la honte un désir de vivre honnêtement, tout comme la douleur qu’on dit bonne en tant qu’elle montre que la partie blessée n’est pas encore pourrie. Bien qu’il soit triste donc, en réalité, l’homme qui a honte de ce qu’il fait est cependant plus parfait que l’impudent qui n’a aucun désir de vivre honnêtement. » Le repentir, ou le sentiment de honte, n’est pas une vertu, mais il ne s’en trouve pas éloigné s’il est la cause d’un sursaut. Le repentir certes n’est pas un acte, mais il peut y conduire et ainsi éviter qu’à l’inverse, la mauvaise conscience s’enferme dans le remords.