8 Février 2011
La paranoïa est comme une association de la raison et de la psychose. Le paranoïaque n’est pas fou ; il déforme le réel. Son point de départ est raisonnable, mais il en fait un usage disproportionné, exagéré. La paranoïa conduit, selon un calcul implacable, à l’hypertrophie du moi. C’est pourquoi il est très difficile de sortir de la paranoïa. Logique de système en quelque sorte, comme le remarquait Freud dans Totem et tabou, en comparant l’hystérie, la névrose, et la paranoïa : « On pourrait presque dire qu’une hystérie est une œuvre d’art déformée, qu’une névrose obsessionnelle est une religion déformée, et un délire paranoïaque, un système philosophique déformé. » Ainsi, entre l’hystérie, la névrose, la paranoïa, cette dernière serait la plus proche de la raison ordinaire. Elle abuserait cependant d’une approche systémique tendant à démontrer que tout est contre soi. Vaincre la paranoïa suppose donc de déconstruire tout un édifice personnel, ce qui n’est pas simple car il s’agit surtout d’une forteresse. Toute aide, tout soutien, est interprété par le paranoïaque comme une attaque le visant. La paranoïa est ainsi un enfermement sur soi contre soi. Les autres en fin de compte ne sont qu’un prétexte pour légitimer une logique qui n’en est pas une.