7 Octobre 2011
Socrate considérait que le bien est dans la nature humaine. Si mal il y a, ce n’est pas volontairement que l’homme en est l’auteur. Naturellement, il souhaiterait le bien ; pratiquement, l’erreur est toujours possible, aussi bien pour ce qui est de définir ce qu’est le bien et d’agir en conséquence, que dans l’action elle-même, même si celle-ci vise un bien reconnu. En d’autres termes, on peut mal agir alors que la volonté tend, d’après Socrate, inexorablement vers la vertu. Cette inexorabilité, Aristote la conteste. Pour lui, le bien et le mal ne sont pas dans la nature de l’homme. Seule la pratique est la manifestation d’un comportement vertueux ou vicieux. Cette proposition est une réponse à Socrate dans Ethique à Nicomaque : « La maxime suivant laquelle Nul n’est volontairement pervers est, semble-t-il, partiellement vraie et partiellement fausse. » Pour Aristote, l’homme méchant ne saurait donc être totalement exonéré en matière de responsabilité au titre de ses agissements. La vertu est pour lui empirique ; elle se réalise et se doit de l’être en permanence pour qualifier quelqu’un de vertueux. La vertu ne supporte aucun commerce, compris ou arrangement. Aristote la conçoit comme un objectif auquel on ne peut transiger et elle n’existe que dans les effets. La vertu et le vice sont une façon d’être plus qu’une disposition. Pour autant, Aristote reconnaît une force d’entraînement capable de dépasser la volonté individuelle : « Si vous avez lâché une pierre, vous n’êtes plus capable de la rattraper, mais pourtant il dépendait de vous de la jeter et de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. Ainsi en est-il pour l’homme juste ou intempérant : au début, il leur était possible de ne pas devenir tels, et c’est ce qui fait qu’ils le sont volontairement ; et maintenant qu’ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l’être. » Ainsi, Aristote nous dit que l’homme peut perdre le contrôle de sa volonté, celle-ci lui échappant lorsqu’il se trouve débordé par la conséquence de ses actes. L’homme s’est dépassé pour devenir ce qu’il ne voulait pas être.