24 Mai 2011
L’amour n’est-il qu’une ruse de la Nature ? Ou alors est-il question d’un libre consentement, composé de raison et de passion et dont l’intelligence reste maître ? Schopenhauer pense que l’amour n’a absolument rien d’intellectuel, ni de spirituel. Nous nous aimons parce que la Nature en a décidé ainsi. Celle-ci d’ailleurs nous dépasse. Elle nous pousse dans les bras l’un de l’autre pour atteindre ce qui doit être : la préservation de l’espèce. Aimer serait ainsi survivre. En outre, l’amour pour Schopenhauer n’est pas l’association de deux âmes que l’on dit sœurs. Selon lui, seul le corps est le prétexte à une attirance de deux amants nullement responsables, ni l’un ni l’autre, de cet attrait. Le charme pour expliquer le coup de foudre est une vue de l’esprit, à postériori. La raison en effet tente d’expliquer ce qu’elle ne décide pas, comme pour s’approprier la chose bien que celle-ci lui échappe totalement. C’est donc le corps, d’après Schopenhauer, qui est en jeu pour une première rencontre, car la Nature qui nous gouverne commande la réunion de corps dissemblables pour la procréation d’un être profitant de la complémentarité de ses parents, en recevant toutes les qualités différentes du père et de la mère. Que l’amour ne soit pas raisonné totalement, pourquoi pas. Mais peut-on exclure toute influence de l’entendement dans une histoire amoureuse ? L’amour ne peut-il pas être raisonnable pour partie ? Schopenhauer n’est-il pas dans l’excès en estimant l’amour comme une tendance strictement instinctive ? Il est certain que tout le monde aime. Mais reconnaissons qu’il n’y a guère rien de plus difficile que de savoir aimer. Cette difficulté, si elle existe, n’est-elle justement pas la marque d’une influence possible de la raison sur la passion ?