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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Quand le marché collectivisa des intérêts personnels...ou le socialisme pour réguler le capitalisme

Socialisme-capitalisme.jpgStricto sensu, le socialisme est le contraire du capitalisme. Il vise la collectivisation des moyens de production contre la propriété individuelle. Le terme socialisme apparaît en France au XIXème siècle, avec Pierre Leroux, philosophe et homme politique français. Comme toute idéologie, le socialisme se réclame comme seul dépositaire du bien de la société, du bonheur pour tous. Le socialisme dans ses débuts est un but, contrairement au capitalisme qui est un moyen. C’est ainsi que ce dernier est bien plus difficile à combattre que le premier. Le socialisme n’est d’ailleurs pas parvenu à l’anéantir bien qu’il s’était promis de le faire. Cet objectif, et surtout la façon d’y parvenir, créa une scission du mouvement socialiste, entre les révolutionnaires pour qui seule la révolution serait en mesure de renverser l’ordre capitaliste, et les réformistes pour qui seule la réforme permettrait d’arriver à ses fins. En France, ce sera Guesde contre Jaurès.

Aujourd’hui, de révolution il n’en est plus question, hormis chez quelques-uns minoritaires qui se trouvent ainsi positionnés à l’extrême de l’idéologie socialiste. L’économie de marché n’est plus l’ennemi à abattre pour les socialistes. Il s’agit plutôt de l’accompagner, de le réguler, d’éviter que le capitalisme réduise la collectivité à une société de marché. Pour ce faire, seule la puissance publique serait en mesure d’encadrer les forces capitalistes, ce que réfutent les libéraux qui voit bien plus dans l’encadrement étatique une contrainte empêchant l’initiative individuelle. Selon eux, le marché se suffit à lui-même, l’intérêt personnel cherchant la conciliation pour être satisfait, et ainsi cette recherche participerait du bien commun. On pourrait admettre cette logique dans un marché restreint, avec peu d’intervenants. Mais dans une économie mondialisée, ce sont des masses impersonnelles qui agissent dans un esprit, non pas de conciliation, mais de compétition. L’individu n’est plus l’acteur principal, il joue le second rôle de consommateur. Ainsi, le marché a produit ce que les libéraux condamnaient à propos du socialisme : il a écrasé l’individu, au profit de groupes dont la réunion n’est motivée que par la réalisation de bénéfices servis aux membres. Le marché a collectivisé des intérêts personnels, et non tous les intérêts. Si vous n’appartenez pas à l’un de ses groupes, ou si vous ne les entretenez pas en consommant, vous êtes exclu. Le marché, selon sa configuration actuelle, est une machine à exclusion, d’où la nécessité de le réguler. Qui peut le faire ? Le socialisme ? Nous dirons seulement que le socialisme, pour exister sans verser le sang, a besoin du capitalisme, en étant son régulateur. Le socialisme devient alors un moyen, et non plus un but, pour répondre à un autre moyen.

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A
<br /> Êtes-vous alors un irréductible révolutionnaire minoritaire? Il ne le semble pas. Mais entre la révolution "sanguinaire" et le socialisme moyen du moyen du moyen... que vous analysez très bien, il<br /> y aurait peut-être place pour un autre socialisme... Vous avez en particulier la piste gramscienne. En tout cas il convient certainement de relire Marx et de reprendre à nouveaux frais les<br /> questions fondamentales qu'il a soulevées et que du reste il n'a jamais prétendu avoir entièrement résolues – contrairement à l'illusion créée puis entretenue par sa postérité dogmatique (à<br /> commencer par Engels). Rappelez-vous le mot de Marx exhumé par Maximilien Rubell : "je ne sais qu'une seule chose c'est que je ne suis pas marxiste" (ou quelque chose comme cela)...<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br />
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